LA LISTE DE LA MATINALE
La Normandie – où la terre est riche et où la pluie ne se fait jamais longtemps attendre – compte de nombreux jardins d’exception, écrins de manoirs aristocratiques, d’abbayes, de musées ou de maisons d’artiste préservées. Le plus célèbre d’entre eux ? Celui du peintre Claude Monet, à Giverny, bien sûr. Mais il en est bien d’autres qui méritent d’être visités – et revisités – en toute saison, et surtout dès maintenant, à l’orée du printemps.
Symétrie et formes régulières à Brécy

D’inspiration italienne, le jardin du château de Brécy, près de Bayeux, a été dessiné entre 1650 et 1680. Enclos de murs, il s’étage sur plusieurs terrasses. Celles-ci conduisent par une allée centrale à une grille en fer forgé qui ouvre sur le ciel, trait d’union entre un paradis terrestre – jardin se dit paradeisos en grec – et son pendant… céleste. L’écrivain Jacques de Lacretelle y demeura des années 1950 aux années 1980, avant qu’un couple passionné de jardins, Didier et Barbara Wirth, n’entreprenne une rénovation spectaculaire.
La première terrasse, ornée d’un parterre de broderies, se trouve au niveau du bâtiment et conduit, par une volée de marches, à des pelouses au tracé géométrique ponctué de topiaires de buis. Une troisième terrasse lui succède, animée de deux bassins dont les fontaines ont pour motif des… artichauts, elle-même entourée d’une terrasse-promenade qui en fait en partie le tour. Jardin où règnent la symétrie et les formes régulières, Brécy incite autant à la rêverie qu’à la contemplation.
Jardins du château de Brécy, 8, rue du Château, Saint-Gabriel-Brécy, Creully-sur-Seulles (Calvados). Ouverture les mardi, jeudi, dimanche et jours fériés, de Pâques à la Toussaint, de 14 h 30 à 18 h 30, et les samedis en juin. Sur rendez-vous, pour les groupes, toute l’année. Contact : 02-31-80-11-48 ou lesjardinsdebrecy@gmail.com. Entrée : 10 €.
Les « chartreuses » de la « maison des champs » de Canon

Canon a été la propriété, au XVIIIe siècle, de l’ami de Voltaire et avocat au parlement de Paris Elie de Beaumont, qui œuvra à la réhabilitation du protestant Calas, victime de l’intolérance religieuse. L’élégant château de pierre claire au dessin classique que l’on découvre aujourd’hui au centre de la vaste cour d’honneur, à la grille au décor ouvragé, a été surélevé à sa demande et surmonté d’un toit « à l’italienne ».
Les jardins, avec leur miroir d’eau, le canal ou de nombreuses cascades ombragées, encadrent l’habitation principale et ses dépendances. Leur créateur s’est inspiré des idées de retour à la nature de Jean-Jacques Rousseau ou des toiles du « peintre des ruines » Hubert Robert. D’anciennes « fabriques » – un pavillon « Renaissance », un kiosque « chinois » ou le temple de la Pleureuse de 1783 – ont été conservées, ainsi que les « chartreuses », une succession d’anciens jardins fruitiers protégés de hauts murs, qui abritent aujourd’hui des massifs de fleurs aux couleurs éclatantes et une somptueuse roseraie.
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