Début 2024 la colère s’est exprimée un peu partout en Europe jusqu’aux portes des instances de l’Union européenne (UE) à Bruxelles. Politique agricole commune (PAC), potentiel accord sur le marché commun des pays d’Amérique du Sud, le Mercosur, normes sur les pesticides… les enjeux sont nombreux et les agriculteurs entendent peser sur les élections du 9 juin.
Faut-il privilégier la biodiversité ou la productivité ? Les emplois, la souveraineté alimentaire ou la lutte contre le réchauffement climatique ? Au niveau européen comme français, les sujets agricoles font apparaître des lignes de fracture politique. Sur certaines thématiques, les orientations sont prédictibles (les Verts portent des normes plus ambitieuses, la droite majoritaire prône l’assouplissement des normes), mais les tractations et revirements apportent parfois leur lot de surprises, en particulier du côté des eurodéputés du Rassemblement national (RN).
Pour comprendre ce qui se joue au Parlement à Bruxelles, et le rôle des eurodéputés français en fonction de leur couleur politique, Le Monde a examiné le détail de leurs votes sur cinq grands textes structurant la politique agricole de la mandature.
« De la ferme à la table », une stratégie pour une alimentation durable, rejetée par la droite et l’extrême droite
La stratégie « De la ferme à la table » était la première pierre du Pacte vert européen, centrée sur le volet agricole. Elle entérine des principes fondateurs :
- adopter des « objectifs contraignants », non chiffrés, sur la réduction de pesticides ;
- atteindre un quart de terres cultivées en agriculture biologique d’ici 2030 ;
- diviser par deux les ventes d’antibiotiques pour les animaux d’élevage.
Le texte souligne aussi que l’accord commercial avec le Mercosur « ne peut être ratifié en l’état », car il « ne garantit pas la protection de la biodiversité ». Il promeut le développement des circuits courts et l’importance d’un « juste prix » et d’une « répartition équitable de la valeur pour les agriculteurs ».
Le texte a été adopté en 2021, sans les votes des eurodéputés français ni d’extrême droite, ni de droite, alors que leur groupe, le Parti populaire européen (PPE) avait majoritairement soutenu le texte.
Manon Aubry, tête de liste La France insoumise pour les élections européennes, estime que le texte, malgré peu de mesures contraignantes, proposait « une transformation juste pour notre agriculture à l’agonie », mais que « ces espoirs ont été tués par une PAC [politique agricole commune] diamétralement opposée et par la droite qui défend à tout prix le statu quo de l’agro-industrie ».
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