
FRANCE.TV SLASH – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE
Marseille est décidément sous le feu des projecteurs. Grâce, entre autres, à toutes celles et ceux qui y vivent et souhaitent donner une image plus juste de leur ville. Parmi eux, la réalisatrice Fanny Fontan. Elle a choisi sa cité natale comme cadre de la quatrième saison de Commises d’office, qui suit dans leur quotidien trois jeunes avocates – sur une idée d’Olivia Barlier. De quoi susciter un regain d’intérêt pour cette série documentaire qui a attiré trois millions de spectateurs depuis la saison 1 (tournée en 2017). Sur une musique urbaine dynamique, chaque avocate est présentée par son prénom et qualifiée par son nombre d’années « au pénal ».
Tout d’abord Pauline, « un an de pénal », qui se déplace à scooter. Sa journée démarre par un appel à Bagnolet, près de Paris, pour prévenir une mère que son fils va être jugé en comparution immédiate. Au téléphone, la mère semble tomber des nues. Puis, direction le tribunal, où l’attendent ses clients, avant de plaider et de citer Ionesco – cela fait toujours son petit effet… Il apparaît très vite, également, que Pauline reste profondément marquée par ce qu’elle a vécu à l’âge de 8 ans. Elle en garde une animosité contre un système qui n’a pas su alors l’écouter.
Puis Tiphaine, « deux ans de pénal », la seule à ne pas être marseillaise – mais elle est fan de l’OM. On la découvre lors d’une entrevue avec une de ses clientes, qui a livré de la coke, puis « mené la grande vie » à Dubaï, selon les termes de l’avocate. Tiphaine tutoie sa cliente et plaisante ; elle lui explique ce qu’elle doit dire au tribunal, comment elle doit se comporter – ne pas rire, notamment.

Nawel, « trois ans de pénal », est quant à elle la seule installée en indépendante. Elle aussi prodigue des conseils pratiques à son client (être propre, bien parler), qu’elle visite à la prison des Baumettes, où il est incarcéré depuis vingt-quatre mois, là encore pour infraction à la législation sur la drogue. Si le trafic de stupéfiants représente la majorité des dossiers, d’autres cas apparaissent, comme celui, emblématique, d’une femme frappée par son conjoint mais encore amoureuse, et qui hésite à entamer une procédure judiciaire. Son avocate, Nawel, confie être touchée par « ces vies cabossées. Alors je mets à distance », dit-elle. Toutes ses consœurs n’ont pas cette faculté.
Quelques clés du métier
En revanche, toutes s’expriment par sigles, de SAS pour « structure d’accompagnement vers la sortie » à EVJF pour « enterrement de vie de jeune fille ». Au fil des épisodes, la série livre quelques clés du métier, comme affirmer que l’accusation « n’a aucune preuve », qu’« il n’y a rien dans le dossier » ; dénoncer les conditions d’obtention de certaines déclarations, et à tout coup le manque de moyens.
Pauline, Tiphaine et Nawel dessinent ainsi le portrait actuel de trois femmes, mais aussi celui d’une ville et surtout d’une profession, loin de l’imaginaire de nantis qui lui est attaché – même si aucune rémunération n’est chiffrée au cours des six épisodes. Leur tâche apparaît colossale et leur responsabilité immense. Avant de plaider l’acquittement pour son client, qui encourt la perpétuité, Tiphaine en est consciente : « J’ai la vie d’un homme entre mes mains. »
Commises d’office, saison 4, de Fanny Fontan (2024, Fr., 6 × 11 à 16 min).