C’est la boussole d’un métier où on génère des profits, point de pourcentage par point de pourcentage. « Le nerf de la guerre », résume Thierry Cotillard, le président de la société Les Mousquetaires, groupement qui exploite les enseignes Intermarché et Netto. Ce graal, ce sont les parts de marché de la grande distribution en France, un gâteau de 134,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires (le total des ventes de produits de grande consommation et des produits frais en 2023, selon l’institut NielsenIQ). Un indicateur d’autant plus scruté et décortiqué qu’il raconte les mutations majeures du secteur.
Premier et principal enseignement : la hiérarchie actuelle illustre l’essor des groupements de distributeurs indépendants que sont E.Leclerc (numéro un, avec 23,8 % du marché sur un an, selon le classement de l’Institut Kantar arrêté au 18 février), Les Mousquetaires (troisième, avec 16,3 %) et Système U (en quatrième position, avec 11,9 % de part de marché).
Car, sur le marché des grandes surfaces alimentaires, deux camps s’affrontent. D’un côté, avec plus de la moitié du marché, des enseignes (E.Leclerc, Intermarché, ou U), gérées par une galaxie de petits chefs d’entreprise à la tête d’un ou plusieurs magasins, qui sont affiliés ou adhèrent à un groupement.
De l’autre, des groupes historiques dits « intégrés » : Carrefour (numéro deux du secteur, avec 19,7 % de part de marché), Auchan (cinquième, 8,6 %) et Casino (septième, 5,7 %). Ils ont un modèle économique fondé sur un réseau dont ils sont propriétaires, avec des patrons de magasins salariés, qui appliquent des décisions prises au siège. « On perçoit une montée des distributeurs indépendants depuis une dizaine d’années. Mais elle est encore plus rapide depuis un an », constate Frédéric Valette, directeur du département distribution de l’Institut Kantar.
Une gestion plus agile
Le cortège est tiré surtout par un E.Leclerc à l’offensive. « Sur l’année en cours, il gagne 1 point de part de marché, tandis que par le passé, chaque année, il était sur une progression comprise entre 0,2 et 0,4 point », détaille M. Valette. Le contexte hyperinflationniste lui a permis de se démarquer de ses concurrents, en continuant à marteler, dans sa communication comme dans ses rayons, sa politique de prix bas. Des fournisseurs prétendent aussi, en coulisses, qu’il a été avantagé, en 2023, par sa centrale d’achats basée à l’étranger. Mais le résultat est là : E.Leclerc conforte chaque année sa place de leader, depuis qu’il a devancé Carrefour, en 2013.
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