On a beau regarder les 52 premières couvertures de Schnock, « la revue des vieux de 27 à 87 ans », jamais le portrait dessiné de Romy Schneider (1938-1982) n’était apparu. Un oubli surprenant, étant donné la place centrale que l’actrice franco-allemande occupe dans le 7e art, des Sissi, qui ont failli étouffer sa carrière, à La Passante du Sans-Souci, un film réalisé par Jacques Rouffio, dans lequel la comédienne, non remise de la mort accidentelle de son fils, David, livre son dernier combat.
Cet oubli est désormais réparé : dans son dernier numéro, Schnock propose des interviews, des récits et une liste des meilleurs films de l’actrice, mais la revue a aussi adopté un parti pris éditorial : ce numéro est presque autant consacré au réalisateur Claude Sautet (1924-2000) qu’à Romy Schneider. Au moins trois articles – dont une interview de son fils, Yves – racontent ainsi le cinéaste qui l’a le mieux comprise et qui n’a pas simplement vu la femme belle, mais aussi la comédienne intelligente.
Pour partager ses souvenirs, Sarah Biasini, la fille de l’actrice, confie qu’elle a préféré se tourner vers Michel Piccoli (1925-2020) plutôt que vers Alain Delon (1935-2024), trop intimidant. De Romy Piccoli disait : « C’est un miroir, elle pousse les hommes à être sincères. Elle les poussait dans leurs retranchements. » Quand Sarah Biasini, qui avait 5 ans à la disparition de sa mère, se concentre sur la comédienne, ce qui la frappe, c’est cette évidence : « On n’a pas l’impression qu’elle joue. Il y a une vérité, une sincérité totale qui se dégage d’elle. »
« Elle était déjà le personnage »
Un deuxième témoignage intime et sensible émane de Jean-Pierre Eychenne, qui fut son maquilleur régulier à partir des Choses de la vie (1970), de Claude Sautet. « Elle voulait être la plus naturelle possible, confie-t-il. Elle pouvait passer trois quarts d’heure en plus dans son lit le matin. Elle arrivait fraîche et concentrée. Le miracle, avec Romy, c’est qu’elle était déjà le personnage en arrivant le matin au maquillage. » C’est d’elle qu’il a reçu le plus beau compliment de sa carrière. Elle se sentait tellement en confiance après être passée entre ses mains qu’elle lui avait déclaré : « Jean-Pierre, je n’ai plus rien à jouer. »
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