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Dans son documentaire « Rue du Conservatoire », Valérie Donzelli filme son retour aux sources

by Marko Florentino
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Clémence Coullon et Valérie Donzelli dans « Rue du Conservatoire », de Valérie Donzelli.

L’AVIS DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Etudier au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, c’est la promesse d’apprendre son métier avec des professeurs renommés et la possibilité de se forger des amitiés durables. Dans ce milieu ultracompétitif, c’est une chance inespérée. En dernière année, une poignée d’élèves acteurs choisissent de mettre en scène leurs camarades. C’est le cas de Clémence Coullon, qui a le sentiment d’avoir des choses à dire tout de suite et la conviction que sa promotion est en train de vivre quelque chose de grand. Qu’est-ce que la fin des études, si ce n’est le premier coup porté à l’incandescence de la jeunesse et à sa réserve d’illusions ? Pour garder une trace, cette élève déterminée sollicite la cinéaste Valérie Donzelli, qui a donné une master class sur le jeu d’acteur quelques mois plus tôt, afin qu’elle filme les répétitions de sa mise en scène d’Hamlet.

Ce projet documentaire, différent dans la production des derniers longs-métrages de la réalisatrice (tournés avec des acteurs renommés et des dizaines de techniciens), offre la possibilité de bricoler quelque chose à vue, avec les moyens du bord, dans une sorte de retour aux sources. La voir filer à vélo et se mettre en quête d’une lampe susceptible de pouvoir éclairer l’image rappelle l’ordinaire pratique du cinéma, qui, malgré tout ce qu’on veut bien nous faire croire avec les tapis rouges et les remises de prix, fait appel à la vivacité des débuts et l’énergie des apprentis.

Portrait en miroir

Il ne fait aucun doute que Valérie Donzelli, actrice, puis réalisatrice, se reconnaisse en Clémence, comédienne, puis metteuse en scène, et profite de cette rencontre pour interroger ce glissement de perspectives. « Pourquoi choisir de passer derrière ? », demande-t-elle comme elle se poserait la question à elle-même. « Pourquoi ne pas profiter de la scène pour jouer devant un parterre de professionnels ? » Il appartient au spectateur de trouver des réponses dans le travail de Clémence… Qui d’autre aurait coupé la tirade « être ou ne pas être », tué Hamlet et osé le remplacer par une femme, si elle ne s’était pas emparée de la pièce de Shakespeare ? Apprendre à jouer pour finalement infléchir son destin vers la mise en scène tient à la fois du mystère et de la transgression, dont le film explore les dessous.

Le plus beau réside dans le lien pudique entre les deux femmes, qui s’exprime à travers quelques messages d’encouragement et d’admiration laissés sur leur répondeur respectif. « Et moi, qu’est-ce que je cherchais à 25 ans ? », s’interroge la cinéaste touchée par l’ambivalence assumée de son double, qui veut mettre en scène et être regardée en même temps.

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