Home » « Délocaliser le football quitte à le déraciner, c’est un des objectifs de ses acteurs économiques »

« Délocaliser le football quitte à le déraciner, c’est un des objectifs de ses acteurs économiques »

by Marko Florentino
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Antonio Rüdiger et Luka Modric du Real Madrid lors de la demi-finale de la Supercoupe d’Espagne face à l’Atlético de Madrid au stade Al-Awwal Park de Riyad, le 10 janvier 2024.

« Israël en Copa América », ce n’est pas une fausse information générée aléatoirement par une intelligence artificielle, mais désormais une possibilité. Jeudi 11 avril, la Fédération israélienne de football (IFA) a conclu avec la Conmebol, la confédération sud-américaine, un accord qui pourrait préluder à une participation de sa sélection nationale à la compétition.

Celle-ci est l’équivalent de notre Euro… aux éliminatoires duquel Israël participe puisque sa fédération appartient à la confédération européenne, l’UEFA – l’équipe, troisième de son groupe, n’est pas parvenue à se qualifier pour l’édition 2024 à l’issue des barrages.

En pleine guerre entre l’Etat hébreu et le mouvement palestinien Hamas, un tel accord paraît à la fois saugrenu et significatif de l’extrême « géopolitisation » du sport ces dernières années. Les relations internationales se projettent dans le monde du football, même s’il ressemble à un univers parallèle quand le président de la Conmebol lance que ce sport « relie les cultures, quelle que soit la distance géographique, et peut contribuer à la paix ».

Des nouveaux continents

Le bon sens est aussi perturbé que la géographie par la « déterritorialisation » croissante des compétitions. Depuis 1993, la Copa América invite deux à quatre sélections membres de la confédération d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes, la Concacaf. Le Japon (1999 et 2019) et le Qatar (2019) y ont même participé. Et elle est cette année organisée pour la seconde fois aux Etats-Unis, en juin et juillet prochains.

Le football sud-américain veut rayonner hors de son territoire auprès des diasporas nord-américaines et sur des marchés plus riches que le sien, mais aussi, donc, bien au-delà. Tout en optimisant les droits de diffusion. Ces objectifs commerciaux et médiatiques sont toutefois surtout poursuivis par les Européens, dont les clubs organisent de lucratives tournées estivales sur les nouveaux continents conquis par le sport roi : Asie, Amérique du Nord et Moyen-Orient.

Ce désir d’expansion s’est aussi traduit par l’organisation à l’étranger des « Supercoupes », qui opposent les vainqueurs du championnat et de la Coupe nationale. Cette saison, l’Arabie saoudite en a accueilli les versions espagnole et italienne, la française a voyagé au Canada, au Maroc, en Tunisie, aux Etats-Unis, en Chine ou… en Israël, en 2021 et 2022.

Les ligues espagnole et anglaise souhaitent même organiser des rencontres de leurs championnats aux Etats-Unis ou en Asie – il a aussi été question d’un Monaco-Olympique lyonnais en Chine, il y a deux ans. Elles s’inspirent des ligues nord-américaines de basket (NBA) ou football américain (NFL) qui délocalisent certains matchs en Europe.

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