Donald Trump, président américain élu, a récemment offert deux visages aux Européens. Samedi 7 décembre, ce fut le Trump touché par la grâce de Notre-Dame, saluant aimablement les têtes couronnées du Vieux Continent en arrivant dans la nef, après avoir accepté de s’entretenir avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, par l’entremise d’Emmanuel Macron à l’Elysée.
Dimanche 8 décembre, c’était le Trump vengeur et menaçant qui avertissait les Européens une fois de plus, dans une interview à la chaîne NBC : si vous ne payez pas plus pour votre propre défense, ne comptez pas sur les Etats-Unis pour venir à votre secours au sein de l’OTAN.
Après s’être bercés d’illusions sur le maintien d’une administration démocrate à Washington, les Européens doivent maintenant regarder la réalité en face. Trump revient avec les mêmes idées qu’il y a huit ans sur le commerce et sur la défense. Ses premières conversations téléphoniques avec des chefs d’Etat ou de gouvernement européens depuis son élection le confirment : ceux dont le budget de défense dépasse 2 % du PIB ont été chaudement félicités. Pour Trump, le critère du bon élève européen reste celui-ci.
Or, si Trump n’a pas changé sur ce point, il y a du nouveau sur le continent européen depuis son premier mandat : la guerre est là. La guerre russe, dévastatrice, meurtrière et déstabilisatrice. La guerre hybride aussi. Et le président américain élu a fait passer un deuxième message sur NBC : il diminuera « probablement » le soutien militaire à l’Ukraine.
Situations budgétaires têtues
La voici enfin, la réalité. S’ils veulent, comme ils le disent, soutenir l’Ukraine et faire barrage à la menace russe, les Européens doivent dépenser plus. Dépenser plus ? Mais les caisses sont vides ! Le sujet a dominé la réunion des ministres des affaires étrangères de l’OTAN, les 3 et 4 décembre à Bruxelles. En comparaison avec la réunion des ministres de la défense en octobre, l’ambiance avait radicalement changé, a relevé un participant : entre-temps, il y a eu le 5 novembre et la victoire de Trump. Cette fois, on est rentré dans le dur.
Aujourd’hui, les membres européens de l’OTAN sentent le vent du boulet, mais la situation budgétaire de la plupart d’entre eux est têtue. « Si Trump nous demande de consacrer 3 % de nos budgets nationaux aux dépenses de défense et si on lui dit OK, on va le faire. En réalité, on n’est pas crédibles », reconnaît, lucide, un diplomate européen. La Pologne et les pays baltes, les plus exposés, ont d’eux-mêmes fait cet effort, mais d’autres sont encore loin du seuil de 2 % : la Belgique (1,2 %), l’Italie et l’Allemagne (1,6 %), pour ne citer qu’elles.
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