En pleine contestation agricole, la Coordination rurale tient son congrès, avec la volonté de « renverser le pouvoir » de la FNSEA
La Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, a ouvert mardi après-midi son 31e congrès à Chasseneuil-du-Poitou, dans la Vienne, avec la volonté de mettre fin à l’« agricide » en France et de « renverser le pouvoir » du syndicat majoritaire, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).
« Organisez-vous pour renverser le pouvoir de la FNSEA. Renversez la table ! Imposez l’exception agri-culturelle », a lancé Christian Convers, secrétaire général de la CR, avant de déclarer ouvert le « congrès de la victoire », qui précède les élections professionnelles de janvier 2025. Ce scrutin à distance, auquel moins d’un agriculteur sur deux a participé en 2019, détermine la gouvernance des chambres d’agriculture et le financement public dévolu aux syndicats.
Christian Convers a dénoncé « la cogestion » de l’agriculture par le gouvernement et la FNSEA, appelant à chasser le syndicat majoritaire de la présidence des chambres d’agriculture, qu’elle dirige presque toutes, la CR en présidant trois. Disant le rejet de l’accord de libre-échange avec le Mercosur, il a dénoncé « le jeu trouble » de la FNSEA, dont le président, Arnaud Rousseau, est aussi « président du conseil d’administration du groupe Avril qui rachète des usines en Amérique latine », selon lui, « pour être prêt quand le Mercosur sera en place ».
« Ce congrès de Poitiers est un moment historique. Nous l’avons voulu au cœur névralgique de la mobilisation » de la CR dans le sud-ouest de la France, a-t-il expliqué devant quelque 200 adhérents réunis dans une salle du palais des congrès du Futuroscope. Sur le terrain, la CR affirme vouloir « provoquer le chaos » pour se faire entendre, en établissant un barrage filtrant à la frontière espagnole ou en bloquant le fret alimentaire, notamment mercredi à l’issue du congrès.
« Nous avons été à la pointe de la mobilisation de 2024. La France a découvert les “bonnets jaunes” », a affirmé M. Convers, rappelant le chemin parcouru depuis un an : le président de la République « humilié au Salon de l’agriculture », le convoi lancé pour bloquer Rungis, le grand marché de frais alimentant Paris, l’occupation de l’Arc de triomphe, les actions sur les routes ou devant les préfectures. « Nous ne sommes pas un syndicat de témoignage, nous portons une vision d’avenir de l’agriculture », a-t-il affirmé, rappelant les revendications du syndicat, notamment la baisse des charges sociales, fiscales et du coût du carburant agricole (gazole non routier).
Il a aussi réclamé « la dissolution de l’Office français de la biodiversité ».