
« Pourquoi l’eau elle monte ? Ils vont tous se noyer ? », demande mon fils de 6 ans. Dans le noir de la salle de cinéma, alors que se déroulent les premières scènes de Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, du réalisateur letton Gints Zilbalodis, et que l’adorable chat noir, protagoniste de ce dessin animé, risque d’un instant à l’autre d’être englouti, mon cerveau hésite sur la marche à suivre. Il ne fait aucun doute pour moi que le film décrit un monde postapocalyptique dans lequel les calottes glaciaires ont fondu sous l’effet d’un réchauffement intense, engendrant une submersion massive. Les êtres humains ont d’ailleurs disparu corps et biens, ça s’est mal passé pour eux. Je renonce pourtant à livrer mon exégèse et rassure illico à l’aide de quelques arguments bibliques. « C’est comme dans l’histoire de l’arche de Noé, sans Noé. Ça va bien se passer. » C’est intellectuellement faible, mais pas faux d’un point de vue narratif. Le chat devient marin et apprend à cohabiter avec ses compagnons d’odyssée, une sorte de castor, un lémurien, un gros chien et un oiseau à longues pattes. Presque tout ce monde animal s’en sort, grandi, après avoir vécu de folles aventures. Ouf !
Mais il est encore fort rare de trouver les belles histoires de la crise écologique. Cet oxymore est-il même prononçable ? A la bibliothèque municipale L’Heure joyeuse, la plus vieille de France consacrée à la jeunesse, dans le 5e arrondissement de Paris, on se pose la question devant les rayonnages de livres. Vingt-cinq mille titres sont en accès libre. Après une recherche rapide, Jean-Jacques Lagrange, son directeur, en trouve 475 classés au mot-clé « écologie », tous genres confondus, la plupart déjà empruntés parce que « c’est dans l’air du temps », constate-t-il.
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