Du foie gras dans certaines assiettes des spectateurs VIP des Jeux olympiques ? Voilà de quoi faire bondir les contempteurs de ce mets raffiné, emblématique du terroir du sud-ouest de la France, mais également symbole des pires cruautés envers les animaux. En apparente contradiction avec l’engagement des organisateurs de Paris 2024 de proposer aux athlètes et aux spectateurs des Jeux une alimentation durable, réduisant la place de la viande et privilégiant les produits respectueux du bien-être animal, le programme d’« hospitalités » des Jeux n’a pas banni le foie gras. Il s’adresse à des clients ou invités d’entreprises qui auront déboursé entre 85 et plusieurs milliers d’euros pour des « expériences » en marge des compétitions, allant de l’accès à des salons VIP à des nuitées dans des hôtels de luxe, en passant par des repas haut de gamme.
Indignée par la dissonance entre le discours vertueux du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) et certaines de ces prestations, l’association de protection animale britannique Animal Equality a lancé, avec le soutien d’autres ONG, une pétition pour que le foie gras soit retiré du menu des hospitalités olympiques. Au 5 juillet, celle-ci avait recueilli plus de 36 000 signatures. « Le Cojop a fait preuve de leadership visionnaire en concevant pour ces Jeux des menus innovants, reposant en grande partie sur des plats végétaux, reconnaît Sharon Nuñez, présidente d’Animal Equality. Je les enjoins à écouter les préoccupations de la communauté internationale et à retirer ce plat clivant des menus. »
Le foie gras est obtenu par le gavage de canards ou d’oies durant une dizaine de jours. Cette pratique controversée, interdite dans plusieurs pays (Allemagne, Danemark, Italie, Pologne, Royaume-Uni…), consiste à introduire un embuc dans l’œsophage des animaux, pour y injecter directement de 450 grammes à 1 kilogramme d’aliments, faisant grossir artificiellement le foie, jusqu’à 10 fois sa taille d’origine. Le procédé provoque une stéatose hépatique, une pathologie du foie, qui peut entraîner des cirrhoses lorsqu’elle se prolonge, et multiplie par dix le risque de mortalité. Si quelques producteurs s’essaient à produire du foie naturellement gras, sans gavage, les pratiques restent complexes à mettre en œuvre et marginales.
Incorporé à certaines préparations
OnLocation, le prestataire américain qui a la charge des hospitalités, confirme que du foie gras sera bien servi, mais précise qu’il ne le sera pas en tant que plat mais comme ingrédient dans d’autres préparations. Il assure que cela représentera moins de 0,1 % des plats servis dans le cadre de ces programmes. L’entreprise reste pour le moins discrète sur les volumes concernés, et sur le nombre de packs d’hospitalités vendus, mais selon les chiffres prévisionnels, quelque 500 000 repas devaient être servis dans ce cadre « premium ».
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