des centaines de Palestiniens fuient Khan Younès face aux nouvelles opérations israéliennes ; trois morts au Liban

Des centaines de Palestiniens fuient, dimanche 11 août, des quartiers de Khan Younès, dans le sud de Gaza, où l’armée israélienne prévoit de nouvelles opérations, au lendemain d’un raid sur une école qui, selon la défense civile à Gaza, a tué 93 Palestiniens, dont des femmes et des enfants.

Dans la bande de Gaza, l’armée israélienne dit vouloir déloger les combattants du Hamas de Khan Younès, grande ville déjà visée par plusieurs campagnes d’envergure. Le Hamas a appelé dimanche soir à « appliquer » le plan en trois phases proposé début juillet par les Américains pour une trêve à Gaza, « plutôt que de mener plus de négociations ou d’amener de nouvelles propositions ».

Dans son communiqué, le mouvement islamiste palestinien « demande aux médiateurs de présenter une feuille de route pour mettre en œuvre ce qui a été proposé au Hamas et qu’il a accepté le 2 juillet 2024 ». Ce plan, poursuit le texte, est « fondé sur la vision du [président américain Joe] Biden et les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ».

De nouvelles évacuations après l’attaque meurtrière contre une école

Tôt dimanche, Israël a appelé les civils à quitter la zone d’Al-Jalaa (nord), définie auparavant comme zone humanitaire, poussant de nouveau sur les routes des familles souvent déjà déplacées plusieurs fois en plus de dix mois de guerre. L’armée a affirmé que le Hamas avait « implanté une infrastructure terroriste » dans cette zone et qu’elle « s’apprêtait à mener des opérations ».

Régulièrement, les troupes israéliennes reviennent dans des zones dont elles s’étaient retirées face à la résurgence d’unités de combattants palestiniens. Dimanche, de nouveaux bombardements ont été menés sur Khan Younès.

D’après des images de l’Agence France-Presse (AFP), des Palestiniens ont afflué à l’hôpital Nasser de la ville après une frappe, convoyant des dépouilles et des blessés vêtus de tee-shirts maculés de sang. « C’était tous des civils qui faisaient leur marché quand le missile est tombé », affirme un témoin, Awad Barbakh.

D’autres secteurs dans le centre et le nord du territoire palestinien assiégé ont été visés au cours de la nuit. Au moins deux personnes ont été tuées, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Au Liban, des frappes israéliennes font trois morts, dont deux membres du Hezbollah

Le ministère de la santé libanais a annoncé la mort de deux personnes dimanche en raison d’une frappe israélienne qui a ciblé la localité de Taybeh, dans le sud du Liban. Il a ajouté qu’une troisième personne avait succombé à ses blessures dimanche, après avoir été victime d’une frappe israélienne visant la localité méridionale de Beit Lif « il y a plusieurs jours ». Une source proche du Hezbollah a précisé à l’AFP que les deux victimes de la localité de Taybeh, frontalière d’Israël, étaient des combattants du mouvement.

L’Agence nationale d’information officielle a, pour sa part, rapporté qu’un « drone avait tiré deux missiles sur la localité de Taybeh », sans plus de détails.

Selon le ministère de la santé libanais, au moins un Libanais et onze Syriens ont aussi été blessés, dont deux grièvement − un nourrisson et un enfant − dans une frappe israélienne ayant « visé » Maaroub, à côté de Derdghaiya. L’armée israélienne a, elle, dit avoir « frappé une cellule terroriste du Hezbollah dans la région de Taybeh » et « une structure militaire dans la région de Derdghaiya ».

« Suite à la frappe, des explosions secondaires ont été identifiées, indiquant la présence d’armes à l’intérieur de la structure », a ajouté l’armée.

« En riposte », dans la nuit de dimanche à lundi, le Hezbollah a annoncé avoir lancé des salves de roquettes de type Katioucha sur « le nouveau siège de la 146^e division de l’armée israélienne à Jaatoun », dans le nord d’Israël. De son côté, l’armée israélienne a fait état de « trente projectiles lancés depuis le Liban vers la région de Kabri », dont plusieurs sont tombés dans des zones ouvertes, ajoutant que personne n’avait été blessé.

Le puissant mouvement chiite avait revendiqué plusieurs attaques dimanche contre des positions militaires dans le nord d’Israël, dont au moins deux à l’aide de drones explosifs. Samedi, le Hezbollah a également annoncé avoir lancé des drones chargés d’explosifs sur une base militaire du nord d’Israël en réponse à l’assassinat la veille d’un responsable du Hamas à Saïda, principale ville du sud du Liban.

Un mort et un blessé dans une attaque armée en Cisjordanie

Un homme « d’une vingtaine d’années » a été tué et un autre blessé dimanche dans une attaque armée dans le nord de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, selon l’armée et le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge.

L’armée israélienne a confirmé la mort d’un « civil » israélien dans cette attaque. « Des terroristes ont ouvert le feu à partir d’un véhicule qui passait sur un certain nombre de véhicules dans la zone », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Les soldats poursuivent les terroristes, bloquent des routes et mènent des recherches approfondies dans le secteur », ajoute l’armée.

Washington ordonne l’accélération du déploiement d’un de ses porte-avions et d’un sous-marin nucléaire

Le ministre de la défense américain, Lloyd Austin, a ordonné au porte-avions USS Abraham Lincoln, qui transporte des avions de combat F-35C, d’« accélérer son transit » vers le Proche-Orient, a fait savoir, dimanche, le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder.

Cette décision a été prise en raison du risque d’une offensive de grande envergure du Hezbollah libanais soutenu par l’Iran, ou de l’Iran lui-même, contre Israël. Lloyd Austin a eu une conversation avec son homologue israélien Yoav Gallant dimanche et également ordonné le déploiement du sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière USS Georgia dans la même zone, a ajouté M. Ryder.

Selon lui, les deux hommes ont discuté de « l’importance de réduire le mal fait aux civils, de progresser vers la conclusion d’un cessez-le-feu et la libération des otages retenus à Gaza », de même que de dissuader les groupes appuyés par l’Iran d’attaquer.

Washington avait annoncé la semaine dernière le renforcement de son dispositif militaire au Proche-Orient, déployant davantage de navires de guerre et d’avions de combat. L’USS Abraham Lincoln doit rejoindre dans la région un autre porte-avions américain, l’USS Theodore Roosevelt.

Le président palestinien en visite à Moscou la semaine prochaine

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, effectuera une visite en Russie à partir du 12 août pour y rencontrer Vladimir Poutine, puis en Turquie, pour s’entretenir avec le président Recep Tayyip Erdogan.

Selon Abdel Hafiz Nofal, l’ambassadeur palestinien à Moscou, cité par l’agence de presse russe d’Etat TASS, le sujet principal des consultations sera « la situation à Gaza ». « Nous parlerons du rôle de la Russie et de ce qu’il est possible de faire. La situation est très difficile chez nous et la Russie est pour nous un pays proche », a-t-il précisé.

Début novembre, une visite en Russie de Mahmoud Abbas, prévue de longue date, avait été repoussée.

Un cessez-le-feu à Gaza constituerait un « pas décisif » vers une désescalade au Proche-Orient, selon Olaf Scholz

Le chancelier allemand a affirmé au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors d’un entretien téléphonique dimanche qu’un cessez-le-feu à Gaza constituerait un « pas décisif » vers une désescalade au Proche-Orient, a annoncé son porte-parole, Wolfgang Büchner, dans un communiqué.

Olaf Scholz « a souligné que le moment était venu de finaliser l’accord sur la libération des otages et un cessez-le-feu », a précisé le porte-parole.