
Des milliers de pompiers luttent toujours contre les flammes en Corée du Sud. Séoul a annoncé, mercredi 26 mars, la mort de vingt-quatre personnes dans une série de feux de forêt encore en cours. Douze personnes ont été grièvement blessées, a précisé un responsable du ministère de l’intérieur, ajoutant qu’il s’agissait de « chiffres provisoires ».
Plus tôt dans la journée, un hélicoptère déployé pour lutter contre ces feux qui ravagent le sud-est du pays « s’est écrasé dans une zone montagneuse du comté de Uiseong », a fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP) le service des pompiers de la province du Gyeongsang du Nord. Le pilote de l’hélicoptère, mort dans le crash, est inclus dans le bilan des autorités sur les morts liés aux feux de forêt.
Plusieurs incendies ravagent depuis le week-end le sud-est du pays, où plus de 17 000 hectares ont brûlé et un temple bouddhique ancien a été réduit en cendres. L’étendue des dégâts en fait déjà le deuxième plus grand incendie de l’histoire de la Corée du Sud, après celui de 2000 qui avait brûlé 23 913 hectares sur la côte est du pays. Le travail des pompiers est compliqué par un temps sec et un vent fort, qui facilitent la propagation des flammes.
En réponse, le président par intérim, Han Duck-soo, a annoncé mercredi élever le niveau d’alerte à son maximum et a déclaré une « réponse nationale totale ». Ces feux ont « causé des dommages sans précédent », a affirmé M. Han, ajoutant qu’ils « se développent d’une manière qui dépasse les modèles de prévision existants ».
Ces incendies, aggravés par un temps sec et venteux, ont conduit les autorités à déplacer près de 27 000 personnes, dont des milliers de détenus – une décision rare. Mardi soir, les autorités de la ville d’Andong ont également émis une alerte d’urgence destinée aux résidents du village historique de Hahoe, un site très touristique classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Des évacuations ont aussi commencé mardi après-midi, « mais, malheureusement, des victimes n’ont pu être évitées », a regretté le président par intérim. « Toute la nuit, le chaos a continué alors que les lignes électriques et de communication étaient coupées dans plusieurs zones et que les routes étaient bloquées », a-t-il poursuivi.
Air très sec et vents forts
Mercredi, deux sites classés à l’Unesco, les villages de Hahoe et Byeongsan, sont toujours menacés. Les autorités ont déclaré tard dans la journée que le feu n’était qu’à 5 kilomètres de Hahoe, village folklorique avec des maisons aux toits de chaume.
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Les pompiers sont également postés à Byeongsan Seowon, situé à proximité, connu pour son institut néoconfucéen historique. D’énormes panaches de fumée grisaient le ciel et d’énormes morceaux de cendres flottaient dans l’air, ont remarqué des reporters de l’AFP présents sur place, avec des camions de pompiers arrosant d’eau et de retardateurs de feu le site historique pour tenter de le sauver.
Des centaines de soldats ont été mobilisés, et l’armée américaine fournit un soutien par hélicoptère de ses bases militaires du sud du pays, selon le président par intérim. Ces soldats s’ajoutent aux plus de 6 700 pompiers déjà déployés, dont les deux cinquièmes se trouvent dans la zone d’Uiseong, avaient affirmé mardi les autorités.
A Uiseong, l’un des incendies aurait été causé par une personne qui entretenait un site funéraire familial et aurait accidentellement déclenché le brasier. Pour le reste, « nous ne pouvons pas dire que c’est uniquement dû au changement climatique, mais le changement climatique affecte directement et indirectement les changements que nous vivons actuellement », a souligné auprès de l’AFP Yeh Sang-Wook, professeur de climatologie à l’université Hanyang de Séoul. Selon lui, « les feux de forêt deviendront plus fréquents » à l’avenir.
Le président coréen a assuré que le gouvernement travaillait à fournir une aide d’urgence et un soutien financier aux déplacés. De la pluie est prévue mercredi soir, a-t-il dit, exhortant les autorités à tirer parti de précipitations même légères pour tenter de circonscrire les incendies. « La région a connu un temps inhabituellement sec avec des précipitations inférieures à la moyenne », a relevé Han Duck-soo, soulignant que le sud du pays avait été touché par deux fois plus d’incendies cette année qu’en 2024.
L’année dernière a été la plus chaude jamais enregistrée en Corée du Sud, avec une température annuelle moyenne de 14,5 degrés – deux degrés de plus que la moyenne des trente années précédentes –, selon l’Administration météorologique coréenne.