Deux jours après un puissant séisme qui a fait plus 1 700 morts en Birmanie et a endeuillé la Thaïlande, les secours étaient toujours, dimanche 30 mars, à la recherche de survivants dans les montagnes de destructions et tentaient de venir en aide aux sinistrés. Survenu vendredi, en milieu de journée, le tremblement de terre de magnitude 7,7 a été suivi, quelques minutes après, par une secousse de magnitude 6,7. Des répliques restent perceptibles dimanche matin, aggravant la détresse des habitants.
La junte a fait état dimanche de 1 700 morts, 3 400 blessés, et 300 disparus. Mais l’ampleur de la catastrophe reste difficile à évaluer avec précision, dans ce pays isolé et fracturé, où les généraux combattent des dizaines de groupes armés dans plusieurs régions. Il existe une probabilité de 35 % que le bilan des victimes se situe dans une fourchette de 10 000 à 100 000 personnes, selon le modèle de prévision de l’USGS. Une grande partie de la population vit le long de la faille de Sagaing, point de rencontre des plaques indienne et eurasienne. D’autant que le conflit civil qui dure depuis le coup d’Etat de 2021 a décimé le système de santé, exposant le pays à une crise d’ampleur.
Dans la deuxième ville de Birmanie, Mandalay, proche de l’épicentre, le séisme a provoqué l’effondrement d’immeubles d’habitation et de ponts, ou crevassé les routes. Une réplique a frappé la ville, dimanche, vers 7 h 30 (2 heures, à Paris), poussant des occupants de la réception d’un hôtel à se précipiter vers la sortie, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Une autre secousse, d’amplitude 5,1, selon l’Institut géologique américain (USGS), s’est produite vers 14 heures (9 h 30, à Paris) ; une similaire avait déjà secoué Mandalay samedi soir.
Solidarité face à une « grave pénurie » de fournitures médicales

Ailleurs dans la ville, les secours s’organisent pour aider les victimes et rechercher des survivants. Sur un site d’examen pour moines bouddhistes, des équipes birmanes et chinoises se coordonnent pour trouver des signes de vie dans les gravats. Au moins 180 moines étaient en train de passer un test quand le séisme a frappé, provoquant l’effondrement de toute une partie du bâtiment. L’opération a permis de retrouver 21 personnes vivantes, et 13 mortes, selon un responsable.
Les agences internationales ont prévenu que la Birmanie, en proie à des crises de toutes sortes, n’avait pas les moyens d’affronter une catastrophe de cette taille. Avant le séisme, l’Organisation des Nations unies (ONU) avait estimé que quinze millions de Birmans, soit environ un tiers de la population, seraient concernés par le risque de famine en 2025.
Une « grave pénurie » de fournitures médicales touche l’assistance déployée sur place, a averti samedi l’ONU, précisant que les secouristes manquaient notamment de « kits de traumatologie », de poches de sang, de produits anesthésiques et de certains médicaments essentiels. Les opérations de secours sont, en outre, compliquées par les dégâts subis par les hôpitaux et les autres infrastructures sanitaires, ainsi que par les routes et les réseaux de communication. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu’elle avait envoyé en urgence près de 3 tonnes de fournitures médicales vers les hôpitaux de Mandalay et de Naypyidaw, la capitale, où sont pris en charge des milliers de blessés.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé dimanche un appel pour récolter en urgence 115 millions de dollars (un peu plus de 106 millions d’euros) pour venir en aide aux victimes du séisme dévastateur en Birmanie. « Pour renforcer notre soutien, la FICR lance un appel en urgence pour récolter 100 millions de francs suisses afin de venir en aide à 100 000 personnes (20 000 foyers) », a expliqué le plus grand réseau humanitaire au monde.
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Des pays de la région ont aussi prêté main-forte. La Chine a déclaré avoir envoyé 82 sauveteurs et s’est engagée à fournir 13,8 millions de dollars d’aide humanitaire d’urgence. Un avion chargé de kits d’hygiène, de couvertures, de nourriture et d’autres produits de première nécessité a atterri samedi à Rangoun, en provenance d’Inde. La Corée du Sud, les Etats-Unis et l’Union européenne, notamment, ont aussi annoncé un geste.
Cessez-le-feu partiel de deux semaines
Du côté des adversaires du pouvoir, des combattants opposés à la junte ont déclaré samedi un cessez-le-feu partiel de deux semaines à partir de dimanche, a annoncé le gouvernement d’unité nationale (NUG), un organe d’opposition fondé par d’anciens députés du parti prodémocratie d’Aung San Suu Kyi pour beaucoup en exil, et reconnu par aucun pays. Les généraux n’ont pour le moment pas suspendu leur offensive aérienne : un groupe rebelle de l’Etat Shan a signalé à l’Agence France-Presse la mort de sept combattants à la suite d’un bombardement survenu peu après le séisme.
Le tremblement de terre, le plus puissant qu’ait connu la Birmanie en plusieurs décennies, a été ressenti jusqu’à Bangkok, la capitale thaïlandaise, où une tour de trente étages en chantier s’est effondrée. A cet endroit, les autorités locales ont fait état de onze morts, mais environ quatre-vingts ouvriers seraient coincés sous les décombres, et les chances de les sortir vivants s’amenuisent d’heure en heure. L’opération de secours a mobilisé de grosses pelleteuses mécaniques, des chiens renifleurs et des drones à imagerie thermique pour repérer des signes de vie.
La secousse, extrêmement rare à Bangkok, a également provoqué des fissures et fragilisé la structure de nombreux bâtiments. Les autorités locales ont annoncé le déploiement de spécialistes pour réparer 165 immeubles dimanche. Au moins dix-sept personnes au total ont été tuées dans la capitale thaïlandaise, ont annoncé dimanche les autorités municipales, tandis que trente-deux autres ont été blessées et quatre-vingt-trois sont toujours portées disparues. La plupart des morts sont des ouvriers tués dans l’effondrement de l’immeuble de construction dans le quartier central de Chatuchak.