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du « foulard » de 1989 aux abayas d’aujourd’hui, trente-cinq ans de controverses

by Marko Florentino
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Ecole et laïcité. Un sujet qui ne quitte jamais totalement l’actualité, parfois en bruit de fond, parfois au plus haut de l’émotion collective. Un sujet qui met en jeu des passions renvoyant à ce que chacun considère comme essentiel dans son idée de l’école, et plus largement de la vie en société.

Ce sujet suscite de fortes paroles politiques. « Notre école est testée » et « nous allons faire bloc », assurait, le 24 août 2023, Gabriel Attal en amont de son unique rentrée de ministre de l’éducation. Il annonçait ce jour-là l’interdiction pour les collégiennes et lycéennes de porter des abayas, ces tuniques longues traditionnelles du Moyen-Orient considérées par les autorités scolaires comme des signes religieux.

Un an plus tôt, le précédent ministre, Pap Ndiaye, avait déjà abordé ce thème qui, selon les chiffres officiels, concerne chaque mois quelques centaines de jeunes filles, sur 4,6 millions d’élèves du second degré public. Mais là où il s’inscrivait encore dans la recherche de solutions au cas par cas, son successeur tranchait en faveur d’une interdiction réaffirmée « d’en haut » permettant aux chefs d’établissement de ne pas être surexposés sur ces questions. Le niveau affiché de fermeté et surtout l’ampleur de la stratégie de communication mise en œuvre ont fait la différence pour Gabriel Attal.

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La notion d’« atteinte à la laïcité », dans le cadre scolaire public, ne vise en elle-même aucune religion en particulier, toutes étant susceptibles, à un moment ou un autre, d’entrer en conflit avec les normes de l’école. Dans les faits, la majorité des cas ayant un écho médiatique sont liés à des revendications avancées au nom de la religion musulmane.

Polémique nationale

Cette histoire a connu son moment inaugural à la rentrée 1989. En septembre, au collège Gabriel-Havez de Creil (Oise), trois collégiennes – deux sœurs, Fatima, Leila, et leur amie Samira – refusent d’enlever leur « foulard » en invoquant des motifs religieux. L’affaire, révélée le 3 octobre par Le Courrier picard, est vite reprise dans la presse nationale. « Rarement un conflit scolaire local avait obtenu, dans l’histoire française contemporaine, une telle ampleur médiatique, politique et sociale », rappelle le chercheur Ismail Ferhat, professeur à l’université Paris-Nanterre, qui a coordonné le livre collectif Les Foulards de la discorde (L’Aube, 2019).

En quelques jours, l’affaire devient une polémique nationale qui, des mois durant, va résonner dans l’opinion et fracturer le monde politique et intellectuel. L’événement met au jour une évolution qui couvait depuis plusieurs années dans une société française très sécularisée : l’émergence d’une revendication de visibilité de la part de musulmans pratiquants. Auparavant, même si la dénonciation de « l’intégrisme islamique » était déjà un lieu commun des débats publics, le thème de la laïcité scolaire renvoyait surtout à l’opposition traditionnelle entre la gauche laïque militante, hostile à l’école privée, et la droite, alliée au monde catholique. En 1984, cette dernière s’était massivement mobilisée avec succès pour la défense de « l’école libre ».

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