
L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS
Vingt-neuf mois après la sortie du premier volet, la saga Dune nouvelle génération se poursuit, poussant un peu plus loin la mise en images du cycle créé par l’Américain Frank Herbert en 1965. Longtemps passé pour un Everest insurmontable, le célèbre roman de science-fiction a donné du fil à retordre à des générations d’adaptateurs, à commencer par David Lynch, qui en livra, en 1984, une version restée dans les mémoires comme un splendide naufrage.
En maître d’œuvre, on retrouve le Canadien Denis Villeneuve, qui depuis ses premiers films québécois a gravi en vingt ans tous les échelons menant à la citadelle hollywoodienne. Et désormais à l’Olympe du blockbuster, grâce à sa casquette d’auteur à sensations. Après avoir d’abord posé les bases de la mythologie Dune, lui revient désormais la tâche de faire fonctionner cet univers, d’en engranger le mouvement autant que de lui trouver une vitesse de croisière.
Le premier volet mettait en scène l’affrontement de deux dynasties pour la possession de la planète Arrakis, où se récolte la fameuse « épice », ressource stratégique du système galactique permettant sauts de conscience et voyages dans l’espace. Quand le second s’ouvre, les Atréides, défaits, réduits à néant, ont été chassés de leur trône légitime par les Harkonnen, régime brutal et fascistoïde mené par un répugnant baron (Stellan Skarsgard) nommé – tenez-vous bien – Vladimir ! Mais la baronnie noire ne contrôle pas encore la totalité du territoire. Paul (Timothée Chalamet), héritier de la maison déchue, a justement rejoint, en compagnie de sa mère, Dame Jessica (Rebecca Ferguson), les Fremen, peuple indigène, troglodyte et rebelle vivant dans les vastes contrées désertiques de l’astre et qui mène contre le pouvoir des actions de résistance.
Scènes de guérilla dans le désert
L’épisode se consacre à la difficile intégration de Paul parmi ces guérilleros du désert, gagnant peu à peu leur confiance par ses faits d’armes et autres épreuves, comme celle qui consiste à chevaucher les vers géants sillonnant les dunes. Il gagne notamment l’estime, puis le cœur, de la combattante Chani (Zendaya), contre laquelle il se verrait bien troquer ses destinées guerrières. Stilgar (Javier Bardem), un chef bédouin, entrevoit néanmoins dans la présence de l’étranger l’opportunité rêvée de revitaliser la dynastie fremen agonisante, en créant de toutes pièces un nouveau prophète. Il exhorte son peuple à croire que Paul est celui-ci.
C’est donc à la fabrique d’un messie que l’on assiste ici, à quoi doit correspondre, manichéisme oblige, le contre-avènement d’un « antéchrist » de même envergure. Tout trouvé à l’endroit d’un neveu harkonnen dégénéré et psychotique, l’inquiétant Feyd-Rautha, promu pour sa sauvagerie, auquel un Austin Butler chauve prête un érotisme malade.
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