On le sait bien. L’érosion progressive du désir au sein d’un couple n’a rien d’exceptionnel. La flamme survit rarement aux petites exaspérations, au manque d’effort, à la fatigue, au stress, au télétravail… Le « sentiment de proximité » serait la première cause d’épuisement érotique, selon une étude publiée en février 2021 dans le journal américain Evolutionary Psychology. L’arrivée d’un enfant n’arrangerait rien. Selon un sondage, lancé en 2021 par le média en ligne Parent épuisé, 61 % des couples parentaux ne sont pas satisfaits de leur vie sexuelle.
Perçu comme la charpente de la vie à deux, le désir reste une préoccupation majeure pour beaucoup d’entre nous. Quand on a 20, 30, 40 ans, la vie devant soi, difficile de renoncer si tôt au grand frisson qui nous rend vivant… « Ma chair ne vibre plus à son contact, je culpabilise » ; « Et si j’étais frigide ? » ; « Le corps se refuse mais l’âme aussi s’éclipse » ; « Je suis en attente permanente, j’espère un renouveau », s’inquiètent des conjoints de longue date, nostalgiques des premières étreintes. « En parcours PMA, je n’ai pas osé dire aux médecins que nous n’avions presque plus de rapports avec mon compagnon », confesse Charlotte, 42 ans (tous les témoins ont requis l’anonymat).
Invasion des écrans, chute de la natalité, désintérêt des plus jeunes pour le sexe : notre société fait de moins en moins l’amour. En témoigne la baisse de la fréquence hebdomadaire des rapports sexuels des Français, mesurée par l’IFOP pour la marque de sextoys Lelo, dans une enquête parue début février. Aujourd’hui, 43 % des Français rapportent avoir, en moyenne, un rapport sexuel par semaine, contre 58 % en 2009. Fabienne Kraemer, psychanalyste et thérapeute de couples, parle de « disjonction des corps ». « Sur le long terme, les seuls couples qui vont bien sexuellement sont les couples toxiques. Ils s’étripent et se réconcilient sur l’oreiller », observe-t-elle.
Léa, 35 ans, évoque une descente aux enfers. D’un côté, elle s’imagine vieillir avec Raphaël, dont elle partage la vie depuis neuf ans – « tous les deux, au bord d’un lac, entre pêche et balades » –, de l’autre, son désir pour lui s’est amoindri. En proie au tiraillement, elle est fréquemment assaillie de crises d’angoisse, qui la font hyperventiler. « Les cinq premières années, je pouvais lui faire trois pipes par jour, le seul fait de le contenter me faisait plaisir, c’était mon Dieu. Mais depuis quatre ans, des choses ont changé. Je travaille, je suis devenue maman, j’ai envie de me découvrir… Je n’arrive plus à répondre à ses attentes, ce qui le rend de plus en plus pressant. »
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