Plus radicale que jamais et pourtant en première position. L’extrême droite autrichienne a réussi une performance historique, dimanche 9 juin, en arrivant en tête des élections européennes dans le pays alpin, avec 25,5 % des voix. Le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) décroche la première place lors d’un scrutin national dans ce pays de 9 millions d’habitants, dépassant de peu le parti conservateur ÖVP (24,7 %) et les sociaux-démocrates du SPÖ (23,2 %), un résultat inédit.
« Les électeurs ont écrit une page d’histoire », a salué devant ses partisans réunis à Vienne Herbert Kickl, le chef du FPÖ, en parlant de sa « volonté d’ouvrir une nouvelle ère politique en Autriche et en Europe ». Après avoir pris en 2021 la tête d’un parti alors affaibli par de nombreux scandales de corruption, M. Kickl, 55 ans, a réussi à tourner la page de ses prédécesseurs et espère bien désormais devenir chancelier, à l’issue des élections législatives annoncées pour cet automne.
Sa liste a profité d’une campagne dominée par les thèmes migratoires, alors que plusieurs faits divers reliés à des immigrés ont fait l’actualité en Autriche ces derniers mois. L’extrême droite a aussi pu compter sur la faiblesse historique des deux grands partis traditionnels autrichiens, le SPÖ et l’ÖVP, qui ont longtemps dominé la vie politique du pays mais attirent désormais moins de 50 % des électeurs. Connu pour ses gaffes, l’actuel chancelier conservateur, Karl Nehammer, se montre notamment incapable de bénéficier du même degré de popularité que son prédécesseur, Sebastian Kurz.
Face à eux, M. Kickl a adopté une ligne radicale sur de nombreux sujets. Fermement antivax pendant la pandémie de Covid-19, il a ensuite défendu une ligne prorusse depuis le début de la guerre en Ukraine, en s’opposant à toutes les sanctions européennes et à la livraison d’armes à Kiev. Partisan de la théorie du « grand remplacement » et proche des identitaires, il espère bien arriver à nouveau en tête aux législatives. Le FPÖ a, certes, déjà participé par deux fois à des coalitions avec la droite en Autriche, mais les positions actuelles de M. Kickl sont jugées trop clivantes par de nombreux cadres de l’ÖVP.
Campagne ultra-agressive
Bien qu’arrivé en pole position dimanche, le FPÖ a obtenu un résultat de plusieurs points inférieurs à ce qu’annonçaient les sondages. Il n’en reste pas moins que la hiérarchie du parti a estimé devant la presse autrichienne – les journalistes étrangers n’avaient pas été admis à la soirée électorale – que la ligne imposée par M. Kickl était la bonne, bien loin de la stratégie de dédiabolisation menée par Marine Le Pen, en France. La tête de liste du FPÖ, Harald Vilimsky, a ainsi mené une campagne ultra-agressive, en faisant placarder dans tout le pays des affiches appelant à « stopper la folie de l’UE », et montrant le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, embrassant Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.
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