Le dimanche, Dimos (qui n’a pas souhaité donner son nom de famille) a pour habitude d’aller soutenir son équipe, l’AEK Athènes. Mais, après la fermeture provisoire au public de tous les stades de football décidée par le gouvernement grec, le jeune homme a dû se passer de ce plaisir : « Un vrai sacrifice », qu’il ne trouve pas forcément justifié. « En général, les violences se déroulent à l’extérieur des stades. Ces actes devraient être punis de façon plus sévère, et ceux qui les commettent doivent être exclus des stades. Mais, dans le cas présent, la majorité a été pénalisée pour les actes d’une petite minorité », estime-t-il. A parti du mardi 13 février, Dimos va pouvoir retourner voir l’AEK, le huis clos de deux mois imposé par l’exécutif prenant fin.
La décision radicale du gouvernement grec a été prise au début de décembre, quand un policier de 31 ans est mort des suites de graves blessures infligées par des hooligans, en marge d’un match de volley-ball entre l’Olympiakos et le Panathinaïkos, à Athènes. Des conditions à la réouverture des stades ont été requises par le gouvernement conservateur : les clubs de football et de basket-ball seront obligés d’équiper de caméras de surveillance leur enceinte à partir du 7 mars. Et, à partir du 9 avril, pour assister à un match, les supporteurs devront impérativement s’identifier à l’entrée des sites sportifs, avec une application mobile créée par le gouvernement grec.
« S’il y a de la violence pendant un match, un comité imposera de lourdes amendes et ordonnera aux clubs de jouer le match suivant sans fans », a averti le vice-ministre des sports, Yiannis Vroutsis. Le 13 février, « les stades ouvriront dans un nouvel environnement, avec ce nouveau comité permanent de gestion de la violence, qui imposera des sanctions draconiennes », a prévenu le ministre. Pour le parti d’opposition de gauche Syriza, les stades rouvrent de façon prématurée, alors que « rien n’a changé » depuis décembre et que les mesures prises ne seront appliquées qu’en mars et en avril.
« Comme si, au stade, tout était soudain permis »
Les violences gangrènent depuis plusieurs années le sport grec, particulièrement les rencontres de football, et les gouvernements successifs ont essayé de s’y attaquer, sans succès. En février 2022, Alkis Kampanos, un fan de l’Aris Salonique de 19 ans, a été tué à Thessalonique – deuxième ville du pays – par des hooligans d’un club rival. En août 2023, un supporteur de 29 ans de l’AEK Athènes a été assassiné lors d’une attaque de hooligans croates et grecs dans une banlieue de la capitale. En 2022, le gouvernement avait déjà porté de six mois à cinq ans la peine maximale d’emprisonnement pour les auteurs de troubles, sans toutefois arriver à réduire les violences.
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