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En Israël, Talleen Abu Hanna, la jeune espoir des femmes transgenres

by Marko Florentino
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Talleen Abu Hanna, à Paris, le 24 avril 2024.

Talleen Abu Hanna préfère fuir la guerre. Ne serait-ce que pour vingt-quatre heures. Fin avril, à Paris, loin du sanglant conflit entre Israël et le Hamas, la jeune femme transgenre de 29 ans, en haut de soie bleu et maquillage millimétré, tente d’oublier les morts, les risques d’embrasement régional et ses « tiraillements » face à l’unité nationale exigée par l’Etat hébreu, elle qui est née dans une famille palestinienne et chrétienne de Nazareth, au nord d’Israël.

Après six mois d’opérations militaires, Talleen Abu Hanna semble craindre de prendre position alors que la communauté LGBTQ + d’Israël est mise à l’index à l’étranger par une partie du mouvement propalestinien, qui l’accuse de cautionner de manière tacite la guerre menée par l’Etat hébreu. A ses côtés, Israela Lev, 63 ans, vétérane de la lutte pour les droits des LGBTQ + qui se présente autant comme la manageuse que la « mère » (une figure protectrice dans la culture queer) de Talleen Abu Hanna, soupire de tristesse quand on l’interroge sur le conflit : « Plutôt que de prendre un fusil entre nos mains pour aller à la guerre, on préfère se faire les ongles, se maquiller, s’injecter du Botox. » Ou se rendre au Festival de Cannes.

En mai, Talleen Abu Hanna et Israela Lev iront y présenter le documentaire La Belle de Gaza, réalisé par Yolande Zauberman (Would You Have Sex With an Arab ? en 2011 et M, César du meilleur film documentaire en 2018) et projeté en séance spéciale le 22 mai, avant sa sortie en salle le 29. Tourné avant la guerre, le film entrecroise les destins parfois tragiques de plusieurs femmes transgenres en Israël, dont beaucoup de travailleuses du sexe réunies dans une même rue sinistre de Tel-Aviv.

Une jeune femme, la Belle du titre, aurait fui la bande de Gaza, où elle était menacée de mort à cause de sa transidentité, pour venir, à pied, jusqu’à Tel-Aviv. Talleen Abu Hanna n’incarne pas ce mystérieux personnage, qui n’apparaît que peu dans le documentaire. Mais elle est une figure centrale de ce récit, symbole de réussite, perspective d’espoir au milieu d’autres parcours plus sombres. Ce jour-là, à Paris, elle évoque donc peu le conflit et se concentre sur le sort des personnes transgenres, qu’elle décrit « en guerre avec leur corps ».

Célèbre dans son pays, c’est à elle qu’incombe, en partie, la tâche de faire la promotion du film. Mannequin, danseuse, personnalité de télé-réalité (« Big Brother », le « Loft Story », local), elle a aussi été l’égérie d’une campagne de publicité pour la marque espagnole de prêt-à-porter Desigual. Suivie par près de deux cent cinquante mille personnes sur Instagram, il n’est pas rare qu’elle soit abordée dans les rues de Tel-Aviv par des fans en quête d’un selfie. Même dans le contexte actuel. « Quand les fusils tirent, nous devons répondre avec de l’espoir », sourit Talleen Abu Hanna.

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