
Habituellement, ils protestent contre les dérives de leur premier ministre, Robert Fico, un populiste prorusse revenu au pouvoir à Bratislava en octobre 2023. Mais aujourd’hui, mardi 26 mars, la plupart des quelques milliers de personnes qui manifestent sur l’imposante place de la Liberté de la petite ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie, sont venues pour soutenir Ivan Korcok, le candidat pro-occidental au deuxième tour de l’élection présidentielle organisée samedi 6 avril dans ce pays d’Europe centrale.
« On veut vivre en Europe et pas en Russie ! Et nous avons besoin d’un symbole fort pour le prouver », explique Lubica Pauculova, une architecte venue avec quelques amis, dont un brandit fièrement un drapeau européen. Tous voient dans M. Korcok leur dernier espoir pour éviter un basculement total de leur pays sur le modèle de la Hongrie voisine et de son premier ministre nationaliste, Viktor Orban. A ces Slovaques qui ont vainement protesté tout cet hiver contre une réforme du système judiciaire très contestée et qui craignent désormais un projet de loi visant à prendre le contrôle de l’audiovisuel public, Ivan Korcok, 60 ans, promet, s’il est élu, de « tout faire pour que [leur] pays reste libre et démocratique ».
Depuis la petite scène dressée à la hâte sur la place, cet ancien diplomate et ancien ministre des affaires étrangères d’un gouvernement centriste au pouvoir entre 2020 et 2023, critique les positions anti-Ukraine de M. Fico en faisant un parallèle avec l’écrasement du « printemps de Prague » en 1968. « J’ai vu ici même les troupes d’occupation du pacte de Varsovie depuis les bras de mon père, et cela a affecté tout le reste de ma vie », rappelle ce natif de Banska Bystrica, en estimant que « la Slovaquie ne va pas dans la bonne direction » alors que M. Fico a stoppé toute donation d’armes à Kiev et qualifie son grand voisin oriental de pays « sous influence des Etats-Unis » et « parmi les plus corrompus au monde ».

Même si le rôle du président est essentiellement honorifique en Slovaquie, M. Korcok assure auprès du Monde que, « grâce au mandat fort découlant du scrutin direct », il pourrait dans le cadre d’une cohabitation « expliquer comment il est important que la Slovaquie continue de faire partie de l’Occident politique ». Il compte ainsi poursuivre l’héritage de la présidente actuelle, la libérale Zuzana Caputova, qui a choisi de ne pas se représenter, épuisée par l’atmosphère politique toxique qui s’est répandue dans son pays depuis le Covid-19 et la guerre en Ukraine.
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