Si le brouillard des derniers jours de la guerre entre l’opposition armée et l’ancien régime commence à se dissiper, l’incertitude politique reste totale en Syrie. Les premiers signes envoyés par les nouveaux hommes forts de Damas indiquent que le groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) entend garder le contrôle sur le processus de transition qu’il a lui-même enclenché. Mardi 10 décembre, en nommant premier ministre de transition à l’échelle nationale Mohammad Al-Bachir, le chef de l’exécutif d’Idlib, le territoire qu’il contrôlait jusqu’ici, HTC compte-t-il faire des territoires passés sous son contrôle un « grand Idlib » ? Une gageure, a priori, tant l’étendue géographique, le poids démographique, la diversité des populations et la présence d’autres acteurs politico-militaires sont sans commune mesure avec le bastion que HTC s’est bâti dans le nord-ouest du pays, depuis 2017, et où l’organisation était encore isolée il y a une douzaine de jours.
Les forces d’opposition dirigées par HTC continuent néanmoins d’étendre leur contrôle en Syrie. Mercredi 11 décembre au petit matin, la direction des opérations militaires du groupe a affirmé que leur offensive dans la province orientale de Deir ez-Zor se poursuivait après la prise de la capitale régionale. Celle-ci avait été brièvement occupée par les Forces démocratiques syriennes, à prédominance kurde, lesquelles, confrontées à des dissidences et à des manifestations de rejet dans cette ville à la population arabe, se sont retirées, mardi soir.
L’est du gouvernorat de Deir ez-Zor, de l’autre côté de l’Euphrate, reste en revanche contrôlé par les forces kurdes. Et, dans la région côtière, au nord de Lattaquié, des combats opposent encore les rebelles, dont des djihadistes, à des groupes d’hommes fidèles à l’ancien régime.
Nommé premier ministre intérimaire par le chef politique et militaire de HTC, Ahmed Al-Charaa, de son nom de guerre Abou Mohammed Al-Joulani, l’ancien chef du gouvernement civil de la province d’Idlib a promis « stabilité » et « calme » au peuple syrien épuisé par plus de treize années de guerre. « Il est temps, pour ce peuple, de jouir de la stabilité et du calme, d’être pris en charge et de savoir que son gouvernement est là pour lui fournir les services dont il a besoin », a déclaré Mohammad Al-Bachir à la chaîne Al-Jazira
Checkpoints et contrôles d’identité
Mardi, la nouvelle administration a nommé un ancien commandant de l’opposition, Fouad Al-Chami, au poste de chef de la police du pays. « Nos combattants sont déployés pour patrouiller à travers Damas, a-t-il déclaré. Nous ne nous reposerons pas tant que la sécurité et l’ordre n’auront pas été rétablis dans toutes les régions du pays. »
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