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« En trente ans, on a accueilli plus de trois millions de personnes à Nantes »

by Marko Florentino
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René Martin, dans son bureau, à Nantes, en janvier 2019.

En février 1995, la première Folle Journée de Nantes sortait tout armée du cerveau de René Martin : une manière inédite de diffuser la musique classique, rompant avec le clivage entre mélomanes, néophytes et usagers de la musique. Le concept a d’emblée séduit, au point d’être repris un peu partout, tandis que le Nantais exportait la formule de Bilbao à Varsovie, de Tokyo à Iekaterinbourg. Emblématiquement intitulée « Origines », la trentième édition (280 concerts en cinq jours et 145 000 billets mis en vente) se tient du 31 janvier au 4 février. Nous avons rencontré en visio cet homme pressé, qui n’a rien perdu de son énergie ni de son amour du public et de la musique.

Lire le reportage (édition 2023) : Article réservé à nos abonnés Les folles nuits de La Folle Journée de Nantes

Quel regard portez-vous sur ces trois décennies de Folle Journée ?

La Folle Journée est née en 1995, la première semaine de février, avec Mozart. Il y avait trente-cinq concerts, pour lesquels on avait vendu 23 300 billets. Dès l’année suivante, on est monté à soixante-cinq concerts et 34 000 billets. J’ai fait le calcul : en une trentaine d’éditions, on aura accueilli à Nantes plus de trois millions de personnes (exactement 3 159 000), organisé 6 317 concerts et invité 45 250 artistes. Quant à notre budget – soit 4,5 millions d’euros cette année –, 60 % sont toujours entièrement consacrés à l’artistique.

Vous attendiez-vous d’emblée à un tel engouement ?

Non, mais je pressentais qu’un nouveau public existait. J’avais été frappé, en 1993, par les 5 000 jeunes, dont je faisais partie, venus à un concert de U2, au stade de la Beaujoire, à Nantes. Je me suis demandé pourquoi ils ne venaient pas écouter mes concerts de musique classique. Puis j’ai mesuré qu’en fin de compte beaucoup n’avaient pas la chance de connaître Mozart et que c’était compliqué d’avoir accès à ce répertoire, dont la diffusion repose essentiellement sur des radios spécialisées comme France Musique. Je me suis dit qu’il fallait que je crée quelque chose, que je provoque une rencontre.

Cette utopie, ce nouveau modèle culturel et social, vous a également été inspirée par le cinéma…

En 1994 était sorti un film qui m’a beaucoup frappé. Il s’agit du Facteur (Il Postino), long-métrage réalisé par Michael Radford à partir du roman d’Antonio Skarmeta, Une ardente patience [Seuil, 1987]. On y voit le poète chilien Pablo Neruda en exil sur l’île de Salina, à qui un facteur, un homme très simple, distribue des lettres. La découverte des mots, de la littérature et de la poésie, changera sa vie. Ce film avait attiré 2,5 millions de spectateurs. Un conte de fées, sans sexe et sans violence. Je me suis dit : ce long-métrage est un impromptu de Schubert. Il y avait eu aussi, dix ans auparavant, le succès phénoménal d’Amadeus, de Milos Forman, qui avait généré une ruée sur les albums du Requiem de Mozart.

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