Home » « En tuant Navalny, les autorités viennent de réaffirmer leur droit de vie et de mort sur leurs “sujets” »

« En tuant Navalny, les autorités viennent de réaffirmer leur droit de vie et de mort sur leurs “sujets” »

by Marko Florentino
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Ils ont tué Alexeï Navalny. Ce « ils » désigne Poutine, ses proches, ses services secrets : ceux qui dirigent la Russie aujourd’hui, la referment sur elle-même, la coupent de l’Europe et mènent une guerre criminelle contre l’Ukraine. Ils ont tué cet homme en l’emprisonnant, sans raison valable, dans des conditions effroyables et en multipliant ses détentions dans un étroit cachot où il était isolé de ses codétenus : à la pleine merci des autorités du camp. Il était aussi coupé de sa famille et de ses avocats, dont certains ont été arrêtés – sans raison valable non plus – tandis que d’autres n’ont eu que le temps d’émigrer.

Et si Poutine et les siens ont tué Navalny, c’est parce qu’ils n’ont pas pu le briser et obtenir de lui, dans la tradition soviétique, un repentir public. La veille de son décès, il souriait et plaisantait, amaigri, en assistant par vidéo à une énième audience judiciaire. Le 14 février, lui ou quelqu’un de ses équipes avait posté sur les réseaux sociaux ses mots d’amour à sa femme Ioulia.

Pendant plus de dix ans, Navalny a dévoilé, preuves factuelles à l’appui, la corruption de Poutine, de son entourage et du parti au pouvoir, Russie unie. Dès 2009, il a lancé un slogan qui s’est répandu comme une traînée de poudre : « Russie unie, le parti des voyous et des voleurs ». Parallèlement, il démontrait les détournements de fonds dans les grandes entreprises d’Etat, ce qui lui a valu le soutien d’un nombre croissant de Russes, excédés par ces pratiques.

Couvert de boue

Devenu une personnalité politique – dont les médias centraux ne citaient jamais le nom –, il a été l’une des figures-clés des grandes manifestations de l’hiver 2011-2012 : des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre une troisième candidature de Vladimir Poutine à l’élection présidentielle. Les démêlés juridiques de Navalny ont commencé : les autorités voulaient le faire taire. Elles l’ont aussi couvert de boue, inventant des propos antisémites que Navalny n’a pas tenus, et diffusant des propos anticaucasiens, effectivement inacceptables, pour lesquels il avait exprimé ses regrets.

Lire la nécrologie | Article réservé à nos abonnés Alexeï Navalny, de l’engagement au sacrifice

Refusant de se taire, il a produit, avec ses équipes, des films de plus en plus précis et drôles sur l’enrichissement invraisemblable de Dmitri Medvedev, de la famille du procureur général Iouri Tchaïka, de hauts dirigeants de l’armée russe ou de Vladimir Iakounine, longtemps à la tête des chemins de fer russes et chargé de développer l’influence du Kremlin en France et en Allemagne. Puis Navalny a préparé un film où il montrait le palace construit pour Poutine sur la mer Noire, expliquait ce luxe par un système de rétrocommissions et retraçait jusqu’à l’origine des brosses de toilettes dorées à 700 euros l’unité. En quelques jours, ce film a été vu par plus de 110 millions de personnes, pour l’essentiel en Russie.

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