Soixante-seize personnes ont trouvé la mort dans l’incendie qui a ravagé leur hôtel, en pleine nuit mardi, dans une station de ski du centre de la Turquie, selon un nouveau bilan du ministre de l’intérieur, Ali Yerlikaya, qui s’est rendu sur place. Après ce drame, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé qu’une journée de deuil national aurait lieu mercredi.
Un précédent décompte faisait état de soixante-six morts et de cinquante-et-un blessés, a rappelé le ministre, qui a précisé que le travail d’identification des victimes se poursuivait à l’hôpital de Bolu, la capitale régionale. « Les ultimes recherches seront conduites demain [mercredi] matin par les équipes de l’AFAD », l’agence de secours turque, a assuré M. Yerlikaya, alors que la nuit rend difficiles les fouilles dans les décombres.
Selon Tanju Ozcan, le maire de Bolu, dont dépend la station de Kartalkaya, le feu a été maîtrisé en fin de matinée et les autorités locales redoutent désormais l’effondrement du bâtiment de dix étages. La station de Kartalkaya, située à 170 kilomètres au nord-ouest d’Ankara, est adossée à une falaise, ce qui a compliqué l’intervention des pompiers.
Le ministre du tourisme, Mehmet Nuri Ersoy, a assuré sur le réseau social X que l’hôtel avait été inspecté et certifié par les pompiers en 2021 et en 2024. Quatre personnes, dont le propriétaire de l’établissement, ont été arrêtées et placées en garde à vue, mardi, a annoncé le ministre de la justice turc, Yilmaz Tunç.
Près de 270 pompiers et secouristes ont été mobilisés pour venir à bout du feu qui s’est déclaré dans les étages supérieurs, pour une raison encore inconnue, a expliqué le ministre, qui a ajouté que le sinistre avait débuté à 3 h 30 du matin (1 h 30 à Paris).
Il s’est ensuite rapidement propagé au reste du bâtiment en raison du bardage en bois, ont rapporté les médias turcs, dont les images ont montré de grandes flammes s’échappant des fenêtres supérieures et du toit, ainsi que des panaches de fumée noire.
Plus de 230 clients se trouvaient dans l’hôtel, en pleines vacances d’hiver nationales, a précisé la chaîne de télévision privée NTV, qui affirme que trois personnes ont trouvé la mort en sautant par les fenêtres.
Absence d’alarme et de détecteur de fumée
Les employés de l’hôtel, le Grand Kartal, ont aidé à l’évacuation des clients, mais les témoins et les médias sur place ont dénoncé l’absence d’alarme et de détecteur de fumée. « Aucune alarme ne s’est déclenchée, [il n’y avait] aucun détecteur de fumée ni [de] sortie de secours, alors qu’il y avait de la fumée jusqu’au dixième étage », a dénoncé sur les télévisions un quinquagénaire en pleurs, qui se trouvait en famille depuis dimanche dans l’établissement.
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« Les gens appelaient à l’aide, ils demandaient des couvertures pour pouvoir sortir par les fenêtres, a témoigné Baris Salgur, employé d’un hôtel voisin. On leur a apporté ce qu’on trouvait, des cordes, des oreillers et même un canapé… Quand les flammes se sont approchées d’eux, certains se sont jetés dans le vide. »
Le ministre de la justice a annoncé l’ouverture d’une enquête confiée à « six procureurs » et la formation d’un comité d’experts pour les appuyer. Devant sa formation, le Parti de la justice et du développement, réuni en congrès, Recep Tayyip Erdogan a également assuré que « tout sera[it] mis en œuvre pour faire la lumière sur tous les aspects du drame et pour demander des comptes aux responsables ».
Mardi soir, les familles étaient rassemblées devant l’hôpital de Bolu, dont la morgue accueille les corps des victimes. Dix-neuf personnes restaient hospitalisées, dont une dans un état grave, selon le ministre de l’intérieur.
De nombreux pays, dont l’Allemagne, la Grèce, l’Ukraine, le Pakistan, l’Azerbaïdjan, les responsables de l’Union européenne et le président russe, Vladimir Poutine, ont adressé leurs condoléances et exprimé leur solidarité après ce drame.