
Lors de la cérémonie de remise des diplômes, le 6 juillet, le vice-doyen Li Feng a livré un message étrange à ses étudiants en finance, sortant de l’université Jiaotong, à Shanghaï, en Chine. « N’ayez pas honte », leur a dit le professeur en toge et toque d’académicien rouge et or. Un temps voie royale pour la réussite, la finance est la cible de l’une de ces grandes campagnes de remise au pas, caractéristique du Parti communiste chinois (PCC).
Hauts cadres des banques sous enquêtes, baisses des salaires, appels à renoncer aux dépenses ostentatoires et discours officiels dénonçant avec véhémence le secteur : Pékin contraint les banquiers à se mettre au rythme de la « prospérité commune ».
Ce slogan, qu’a fait sien le président Xi Jinping, lors d’un discours en août 2021, est devenu un leitmotiv. A l’heure où le ralentissement de l’économie pourrait attiser les mécontentements sociaux, il est aujourd’hui synonyme de lutte contre les inégalités.
Résultat : des dizaines de responsables dans les grandes banques, toutes majoritairement détenues par l’Etat, ainsi que dans les banques d’affaires et maisons de courtage, ont été arrêtés dans le cadre des investigations de la toute-puissante commission centrale d’inspection de la discipline du PCC. Le 26 novembre, Liu Liange, un ancien président de la Bank of China, l’un des quatre principaux établissements bancaires du pays, était condamné à la peine de mort avec sursis, peine qui peut-être commuée en emprisonnement à perpétuité après deux ans de bonne conduite en détention. Il est accusé d’avoir reçu pour l’équivalent de 15 millions d’euros de pots-de-vin, en l’échange de l’octroi de prêts s’élevant à plus de 400 millions d’euros.
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