Le maire de New York Eric Adams n’a pas démissionné jeudi 26 septembre, en dépit de son inculpation pour corruption et financement illégal de sa campagne électorale pour la mairie de New York en 2021 par des intérêts turcs. Cette mise en accusation fait partie d’une série de quatre enquêtes fédérales visant le maire, un ancien policier afro-américain de Brooklyn âgé de 64 ans, situé au centre gauche de l’échiquier politique.
La veille, Alexandria Ocasio-Cortez, la représentante du Bronx et du Queens au Congrès des Etats-Unis et cheffe de file de la gauche démocrate, l’avait appelé à la démission. « Je ne vois pas comment le maire Adams peut continuer à gouverner New York. Le flot de démissions et de postes vacants menace le travail de la municipalité. Les enquêtes incessantes rendront impossible le recrutement et le maintien en poste d’une administration qualifiée. Pour le bien de la ville, il devrait démissionner », a asséné Alexandria Ocasio-Cortez, mercredi, sur le réseau social X et dans un entretien au New York Times.
M. Adams s’y refuse. Il a tenu jeudi une conférence de presse dans sa résidence de Gracie Mansion, perquisitionnée à l’aube par le FBI, entouré de nombreux soutiens, le plus souvent afro-américains. L’affaire a tourné au show politique. « J’ai toujours su que si je défendais les New-Yorkais, je serais une cible – et je suis devenu une cible », avait-il prétendu par avance dans une vidéo. « Je continuerai à faire le travail pour lequel j’ai été élu », a assuré M. Adams lors de la conférence de presse, ajoutant : « tous ceux qui me connaissent savent que je respecte les règles de campagne et que je respecte la loi ». « Démission, démission, démission », a crié une partie du public alors que M. Adams s’éloignait.
Maquillage de dons étrangers
L’accusation révélée dans la matinée par les procureurs est édifiante. Il est reproché à M. Adams d’avoir maquillé des dons étrangers, qui sont interdits par la loi américaine pour éviter les influences étrangères. Ces dons ont donné lieu à des abondements publics illicites. « La campagne municipale d’Adams pour 2021 a reçu plus de 10 000 000 de dollars [8 950 000 euros] de fonds publics », affirme l’acte d’accusation. M. Adams est soupçonné d’avoir, en contrepartie, fait pression sur les pompiers de New York pour qu’ils donnent, en dépit de problèmes de sécurité, leur approbation à l’inauguration en grande pompe du nouveau consulat de Turquie en échange d’un financement de sa campagne.
L’intervention de M. Adams, qui a eu lieu après sa victoire à la primaire, en juin 2021, a permis au président turc, Recep Tayyip Erdogan, d’inaugurer au mois de septembre suivant, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le building de trente-cinq étages ayant coûté 300 millions de dollars. « À mesure que la notoriété et le pouvoir d’Adams ont augmenté, ses bienfaiteurs étrangers ont cherché à tirer profit de leurs relations de corruption avec lui, en particulier lorsque en 2021, il est devenu clair qu’Adams deviendrait maire de New York », écrit le parquet. « Adams a accepté [cette demande turque], offrant un traitement favorable en échange des avantages illicites qu’il avait reçus. » M. Adams est accusé d’avoir noué, dès 2015, des relations avec des ressortissants turcs et d’avoir bénéficié de nombreux avantages en nature, notamment à bord d’avions de Turkish Airlines, à destination de Paris, de l’Inde, de la Chine, du Sri Lanka. Il a reçu des cadeaux évalués à 100 000 dollars par l’accusation et les a volontairement dissimulés.
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