La crise du logement, qui n’avait guère suscité d’intérêt au sommet de l’Etat au cours de ces dix-huit derniers mois, est affichée comme une priorité pour Gabriel Attal, depuis son arrivée à Matignon. « J’ai décrété l’urgence pour le logement en France », a lâché le premier ministre, à l’occasion d’une visite de chantier, de bon matin, mercredi 14 février, à Villejuif (Val-de-Marne), flanqué du ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, et du nouveau ministre délégué au logement, Guillaume Kasbarian. « On va se battre centimètre par centimètre, mètre carré par mètre carré, pour aller chercher du logement pour les Français. On va aller chercher tous les logements possibles avec les dents », a-t-il promis.
Cette conquête passera par la densification des zones pavillonnaires. A rebours du discours sur l’avenir contrarié de la maison individuelle, du fait de l’objectif zéro artificialisation nette des sols, le chef du gouvernement promeut un pavillon qui fait « partie du rêve français ». « J’assume de vouloir continuer à permettre le développement de la maison individuelle en France », a-t-il souligné.
En déclarant en 2021 que « le modèle à l’ancienne du pavillon avec jardin dont on peut faire le tour n’est plus soutenable et nous mène à une impasse », la ministre déléguée au logement Emmanuelle Wargon avait pris l’opinion publique à rebrousse-poil. Gabriel Attal envoie, lui, un signal qui satisfera une très large partie des Français. Selon un sondage de l’institut Kantar réalisé en juin 2022 pour La Fabrique de la cité (think tank créé par le groupe Vinci), 8 Français sur 10 préféreraient en effet, dans l’idéal, vivre dans une maison individuelle.
En réalité, la ligne restera la même : le chef du gouvernement réhabilite le modèle du pavillon, mais uniquement sur du foncier déjà artificialisé, en prônant la division parcellaire, qui permet à un propriétaire de découper son terrain pour permettre la construction d’une ou de plusieurs autres maisons. « Si seulement 1 % des Français qui vivent en pavillon font cela, c’est un potentiel de 160 000 logements supplémentaires qui sont possibles », a calculé Gabriel Attal.
« Ces annonces, c’est de la communication »
Cette pratique est en réalité déjà répandue. « Nous faisons 60 % de nos constructions par le biais de la division parcellaire », explique Loïc Vandromme, le directeur général du groupe Hexaôm, numéro un français de la construction de maisons individuelles.
Le gouvernement a toutefois promis « une simplification des procédures », notamment « en donnant la main aux maires pour autoriser ces constructions sans changer les plans locaux d’urbanisme [PLU, les documents qui réglementent toutes les constructions de la ville] ». Une expérimentation est également prévue cette année « avec les aménageurs de l’Etat et les collectivités volontaires pour accélérer ces procédures et aider les propriétaires dans leur projet ».
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