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« Germaine Tillion », de Lorraine de Meaux : un modèle d’« humanisme lumineux »

by Marko Florentino
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Germaine Tillion.

« Germaine Tillion. Une certaine idée de la résistance », de Lorraine de Meaux, Perrin, 464 p., 24 €, numérique 17 €.

La date est de celles qui marquent : 18 juin 1940. Le jour même où le général de Gaulle appelle à continuer la lutte contre l’Allemagne, une jeune ethno­logue parisienne donne son livret de famille à ses amies Adeline et Marthe Lévy pour qu’elles se fassent faire de fausses cartes d’identité. C’est son premier acte de rébellion. Elle espère leur éviter ainsi quelques brimades. En réalité, elle sauve la vie de toute la famille.

Des gestes de ce type, spontanés, courageux, désintéressés, efficaces, la vie de Germaine Tillion (1907-2008) en regorge. De cette femme exceptionnelle, que François Hollande a fait entrer au Panthéon en 2015, le grand public a pu retenir quelques éléments saillants : son rôle actif dans la Résistance, sa déportation, son indéfectible amitié pour Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Denise Vernay et Simone Veil, son engagement anticolonial… Tout l’intérêt du passionnant Germaine Tillion. Une certaine idée de la résistance, que lui consacre l’historienne Lorraine de Meaux, est de relier ces points entre eux, en s’appuyant sur de nombreux documents inédits, notamment la correspondance de l’ethnologue.

Au-delà de l’héroïne, ce travail montre une femme, écrit l’autrice, « espiègle et sérieuse à la fois, d’une grande honnêteté, patriote et universelle, jamais sectaire ». Un modèle d’« humanisme lumineux » envers lequel Lorraine de Meaux se ­montre pleine d’admiration, même si elle pointe de rares « manques de discernement ». Par exemple en 2000, lorsque Tillion plaide pour la libération de Maurice Papon en raison de son grand âge, et va jusqu’à envoyer des vitamines et du miel au prisonnier, condamné pour complicité de crimes contre l’humanité.

Si Germaine Tillion s’est montrée une résistante si audacieuse, une intellectuelle aux choix en général si justes, c’est que ses fondations étaient particulièrement solides, montre cette biographie. Elle naît dans une famille « aimante, ­cultivée et tolérante », avec pour parents deux érudits qui la poussent à suivre des études supérieures. Composant ensemble des guides touristiques pour Hachette, ils lui transmettent ce qu’elle nomme « le démon du voyage », doublé d’une inlassable curiosité pour les autres. Sa formation à l’ethnologie auprès de Marcel Mauss et Louis Massignon ajoute à ce bagage des méthodes rigoureuses.

Capacité d’adaptation

Puis, dans les années 1930, vient une expérience fondatrice, son immersion chez les Chaouïas de l’Aurès, en Algérie. Quatre années durant lesquelles, avec une autre jeune ethnologue, elle surmonte les difficultés et s’intègre à la société locale. Elle en rapporte 5 000 photos, 800 objets, une généalogie détaillée de 7 000 membres de la communauté… et, surtout, une capacité d’adaptation et une compréhension des mécanismes humains décisives.

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