La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni a décidé de se saisir du dossier libanais. Vendredi 18 octobre, elle sera la première dirigeante étrangère à se rendre à Beyrouth depuis l’incursion, le 30 septembre, des forces israéliennes au sud du Liban et l’intensification des combats avec le Hezbollah. Précédant une visite prévue lundi à Tel-Aviv et Ramallah, en Cisjordanie occupée, du ministre italien des affaires étrangères Antonio Tajani, son déplacement s’inscrit d’abord dans le contexte des fortes tensions en cours autour des emprises de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).
Les militaires italiens qui forment l’un des principaux contingents de la mission onusienne avec environ 1 200 hommes n’ont en effet pas été épargnés par les agressions et les intimidations menées par l’armée israélienne qui opère à proximité des bases des casques bleus. Une position italienne a même été investie par des soldats israéliens qui ont tiré à l’intérieur, l’enceinte ayant été préalablement endommagée par des chars. Le 11 octobre, dans un entretien au quotidien Corriere della Sera, M. Tajani avait pourtant affirmé avoir obtenu du ministre israélien des affaires étrangères, Israel Katz, des assurances selon lesquelles les militaires italiens ne seraient pas mis en danger.
Mardi, au Sénat, Mme Meloni a qualifié l’attitude israélienne d’« injustifiable », quarante-huit heures après s’être entretenue avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, au cours d’une conversation tendue. Dès les premiers heurts avec l’armée de l’Etat hébreu, le ministre italien de la défense, Guido Crosetto, avait de son côté convoqué le 10 octobre l’ambassadeur israélien à Rome.
« Préoccupation unanime »
M. Crosetto a d’ailleurs présidé mercredi 16 octobre avec le ministre français des armées, Sébastien Lecornu, une visioconférence réunissant les ministres de la défense des seize Etats membres de l’Union européenne participants à la Finul. Ces derniers ont formulé, selon le communiqué italien, leur « préoccupation unanime », condamnant les attaques israéliennes, s’engageant à maintenir leur présence au Liban et à « exercer une pression maximale aux niveaux politique et diplomatique sur Israël afin d’éviter de nouveaux incidents ».
La montée relative des tensions entre l’Italie et Israël dans un contexte marqué par les inquiétudes européennes sur la tournure prise par le conflit au sud du Liban intervient alors même que l’exécutif dominé par l’extrême droite de Giorgia Meloni n’a pas manqué une occasion, depuis le 7 octobre 2023, de manifester son soutien à l’Etat hébreu. Tout en invoquant rituellement la solution à « deux Etats » et d’appels, vains, à un cessez-le-feu à Gaza.
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