
Ce fut l’une des chansons les plus diffusées au printemps 1981, Pour le plaisir. Son interprète, le chanteur Herbert Léonard, est mort, dimanche 2 mars, à 80 ans des suites d’un cancer du poumon à l’hôpital de Fontainebleau (Seine-et-Marne), a annoncé son épouse, Cléo Léonard.
De sa voix chaude et pleine, il clame, dans ce titre, l’optimisme (sourire, rêver, « prendre la vie du bon côté »…) puis le regret amoureux, sur un texte cosigné par Vline Buggy – qui écrivit de nombreux tubes pour Claude François – et par Claude Carmone, sur une musique de Julien Lepers, compositeur à ses heures, en parallèle de son métier d’animateur à la radio et la télévision.
Autre grand succès pour Herbert Léonard, la chanson Puissance et gloire, au générique du feuilleton télévisé Châteauvallon diffusé au premier semestre 1985 sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2). Là aussi un texte de Vline Buggy (« Puissance et gloire/Dans l’eau trouble d’un regard/L’Aventure et la passion/Autour de Châteauvallon ») sur une musique de Vladimir Cosma.
Au moment de ce doublé, Herbert Léonard n’est pas vraiment un nouveau venu, mais sa carrière commencée il y a une bonne quinzaine d’années est plutôt en dents de scie.
Léonard commence à jouer avec des groupes qui animent les bals
Né le 25 février 1945, à Strasbourg, Herbert Léonard, de son vrai nom Hubert Loenhard, est né dans une famille ouvrière – il écrit dans une biographie mise en ligne sur son site Internet « mon père était éboueur et ma mère était “femme au foyer” ». Il est bon élève, sauf en mathématiques, précise-t-il, mais un accident de cyclomoteur l’empêche de passer un diplôme de dessin technique et industriel et de continuer ses études.
Il a découvert le rock, a appris les rudiments de la guitare et vers l’âge de 16 ans commence à jouer avec des groupes locaux qui animent les bals. A la fin de 1965, il connaît une avancée professionnelle, en rejoignant Les Lionceaux, fondés à Reims (Marne) en 1961. Après la séparation du groupe, à la fin de 1966, il enregistre sous son nom d’artiste Herbert Léonard des adaptations en français de succès américains, et quelques originaux regroupés dans un premier album publié en 1967, Si je ne t’aimais qu’un peu. Au verso de la pochette figure en gros le mot, « soul », qui donne une indication du contenu de l’album.
C’est avec Quelque chose tient mon cœur, en 1968, adaptation de Something’s Gotten Hold of My Heart, succès de l’Américain Gene Pitney, qu’Herbert Léonard va obtenir sa première reconnaissance.
En mars 1970, il a un grave accident de voiture. Après une longue convalescence, il peut reprendre son métier mais il a été déjà oublié. Trois pas dans le silence, un album plutôt rock-pop-psyché composé en collaboration avec Gérard Manset et dévoilé à la fin de 1971, est aujourd’hui très recherché par les collectionneurs.
Jusqu’en 1977 Léonard enregistre plusieurs 45-tours, dont, en 1973, une chanson écrite par Vline-Buggy, Sous un ciel de feu, pour la série télévisée Docteur Caraïbes (avec Louis Velle et Jess Hahn). Passionné d’aéronautique, il devient rédacteur pour une revue spécialisée et continuera régulièrement d’écrire des ouvrages sur les avions de guerre de la première moitié du XXe siècle, en particulier allemands et soviétiques.
Vline-Buggy va convaincre Herbert Leonard de revenir à la chanson après lui avoir fait rencontrer Julien Lepers qui lui présente quelques compositions dont Pour le plaisir. Le 45-tours commercialisé dans le courant de mai 1981 est en tête des meilleures ventes jusqu’à la mi-juillet et il ouvre la face B du 33-tours de dix chansons qui sort dans le même temps.
La combinaison Vline-Buggy-Lepers toujours en première ligne
Les émissions de variété s’arrachent Herbert Léonard, qui retrouve la scène, les tournées. La combinaison Vline-Buggy-Lepers est toujours en première ligne pour l’album Ça donne envie d’aimer, en 1982, qui connaît aussi de très bons chiffres de ventes, comme Amoureux fous, nouvelle création Vline-Buggy-Lepers, duo de Leonard avec la chanteuse Julie Pietri. En dehors de la parenthèse Châteauvallon, Herbert Leonard, Vline-Buggy et Lepers travaillent ensemble jusqu’à la fin des années 1980.
A partir des années 1990, Herbert Léonard continue d’enregistrer des albums, en parallèle à la publication de compilations, donne des concerts en mettant en avant le répertoire de son « âge d’or », participe à des tournées nostalgiques avec plusieurs interprètes des années 1980.
En 2016, un double CD intitulé Mise à jour et sous-titré « 50 ans de carrière » est publié avec de nouvelles orchestrations de ses succès, des duos et quelques inédits.
En 2017, une embolie pulmonaire nécessite qu’il soit mis en coma artificiel durant un mois. Il est aussi gravement touché par le Covid-19. A la fin de mai 2023 il doit à nouveau être hospitalisé pour une infection qui le conduit à un traitement dans un établissement spécialisé. Sur son site Internet, il écrivait courant juillet 2023 : « Mi-octobre, tout devrait aller mieux et je pourrai reprendre “la vraie vie… normale”. »
Herbert Léonard en dates
25 février 1945 Naissance à Strasbourg
1967 Premier album, Si je ne t’aimais qu’un peu
1971 Sortie de Trois pas dans le silence, une collaboration avec Gérard Manset
Mai 1981 Succès de la chanson Pour le plaisir
2016 Sortie de son double album Mise à jour sous-titré « 50 ans de carrière »
2 mars 2025 Mort à Fontainebleau , à 80 ans