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« Il ne supportait plus la rue. Il disait qu’il n’avait plus l’âge »

by Marko Florentino
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Rachid, dans le quartier de la Plaine, à Marseille, en avril 2020.

La plupart sont du quartier, qu’ils y vivent ou y travaillent ; deux sont venus de l’autre bout de Marseille. Le week-end commence et la nuit gagne, mais ils sont heureux de prendre du temps pour évoquer Rachid, son amour de la musique, sa gentillesse, sa détresse sans fond. Ce sans-abri a vécu sur la place Notre-Dame-du-Mont ou alentour durant une quinzaine d’années. Il est mort le 31 août 2023, à l’âge de 57 ans. Il leur manque.

« Il me disait toujours “Bonjour, princesse”, avec son accent marseillais, et cela me donnait le sourire », se souvient Manon Chalindar, jeune habitante du cours Julien voisin. C’est grâce à elle que le collectif Les Morts de la rue a appris le décès de Rachid et qu’il lui a rendu hommage, mardi 19 février, aux côtés de 655 enfants, femmes et hommes sans domicile qui ont perdu la vie en 2023 en France. Le décompte dépasse celui de l’année précédente, bien qu’il ait été arrêté plus tôt.

« On ne peut pas en conclure que les décès augmentent, car nous ne sommes pas en mesure d’être exhaustifs, indique Adèle Lenormand, qui coordonne l’équipe « Dénombrer et décrire » au sein du collectif. Une étude portant sur les années 2008-2010 montrait que nous n’arrivions à recenser qu’un cinquième des décès de personnes sans chez-soi signalés par les hôpitaux et médecins. »

« Il protégeait les gens »

A Notre-Dame-du-Mont, Rachid était chez lui. Le jour sous la marquise de la Maison du bel âge (un lieu d’accueil des seniors), la nuit dans des parkings, des cages d’escalier ou à même le trottoir. « Il disait que la rue, c’est plus doux que le foyer, où il avait peur d’être volé, drogué, frappé. Et ici, c’est un cocon. On ne laisse personne mourir de faim », explique Cécilia (les personnes citées par leurs prénoms ont requis l’anonymat), employée de la boulangerie à côté. Avec le soutien de ses patrons, elle offrait à manger au sans-abri. Frédéric, gérant du restaurant japonais, lui donnait une barquette de riz et de sauce quand il fermait.

Rachid pouvait aussi compter sur « Bisounours », un artisan indépendant qu’il connaissait depuis leur jeunesse. Ou encore sur Radia, une vieille habitante de la place. Celle qu’il appelait « ma sœur » ne peut réprimer quelques sanglots. « Tout le monde a été touché quand il est mort », signale-t-elle. Peu d’habitants trouvaient à redire quand Rachid et la petite bande dont il était le leader installaient de vieux fauteuils pour faire salon : « On passait au milieu, ils demandaient souvent une pièce, ce n’était pas agressif », se souvient Michel, un client de la boulangerie.

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