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« J’ai pris mes affaires et j’ai toqué chez ma mère »

by Marko Florentino
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Cet été, quand le propriétaire de Marthe – tous les témoins ont requis l’anonymat – lui a annoncé qu’il récupérait son appartement, la jeune femme de 25 ans n’a eu que quelques semaines pour rendre les clés du quinze mètres carrés qu’elle occupait jusqu’alors à Paris. Dans la précipitation, la cheffe opératrice a plié bagage et est retournée vivre chez ses parents. « J’étais entre deux tournages et j’avais beaucoup de travail, explique-t-elle. Je n’ai pas eu le temps de chercher un autre appartement et je me suis dit que ce serait la solution la plus simple. »

Sans le savoir, la jeune femme a alors rejoint les rangs de ceux qu’on appelle les « enfants boomerang », ces adultes qui retournent vivre chez leurs parents après un premier départ. Leur situation n’est pas exceptionnelle. Entre 2002 et 2013, les adultes non étudiants de plus de 25 ans contraints de retourner vivre au domicile familial sont passés de 282 000 à 338 000, chiffre la Fondation Abbé Pierre dans son dernier rapport annuel sur le mal-logement. Les jeunes diplômés en 2010 auraient, quant à eux, 40 % de chances de plus que ceux qui ont été diplômés en 1998 de retourner vivre chez leurs parents, établit l’Insee.

Ces retours peuvent s’expliquer de différentes manières. « Il n’y a pas une seule et même raison qui pousse les enfants boomerang à rentrer chez leurs parents, explique la sociologue Sandra Gaviria. Leurs motivations sont souvent imbriquées, même si certaines situations reviennent fréquemment. » L’autrice de Revenir vivre en famille. Devenir adulte autrement (Le Bord de l’eau, 2020) liste pêle-mêle la fin d’un contrat professionnel, un changement d’orientation dans les études ou encore la survenue d’une rupture amoureuse, ce qui s’est passé pour Antoine. Originaire de Seine-et-Marne, le jeune homme tout juste trentenaire vient de devenir père lorsqu’il voit son quotidien basculer. « Avec ma compagne, ça devenait très difficile à la maison, se rappelle-t-il. Un jour, j’ai pris mes affaires et j’ai toqué chez ma mère. » Sans poser de questions, cette dernière lui rouvre alors les portes du foyer.

Dans l’appartement familial de Champs-sur-Marne, composé de deux chambres et d’un salon, Antoine, alors au chômage, retrouve sa chambre d’adolescent. Aux murs, il accroche le tableau d’un temple cambodgien et les médailles de son grand-père. A côté de son lit et de son bureau, il installe un lit parapluie pour sa fille, âgée de quelques mois seulement, et entrepose quelques jouets. « Quand on s’est séparés, avec sa mère, j’ai tout de suite demandé la garde alternée, dit-il. Chez ma mère, c’est petit et je savais qu’avec ma fille on serait obligés de dormir dans la même chambre, mais j’ai tout fait pour qu’elle s’y sente bien… »

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