A la rentrée littéraire aussi, on pourrait dire que l’important est de participer. Cette année, 459 romans seront publiés d’ici à la mi-octobre (source Livres Hebdo), chiffre stable par rapport à 2023. Ce rituel, qui offre un coup de projecteur formidable à la production éditoriale, est d’une grande importance économique pour les maisons généralistes : les titres de l’automne génèrent de 15 % à 20 % des ventes de fiction en grand format de l’année.
Beaucoup espèrent (sans oser y croire exagérément) que l’automne permette de rattraper un premier semestre considéré comme exécrable, les contextes économique et géopolitique (guerres en Ukraine et à Gaza), peu propices aux achats en librairie, s’étant doublés en France d’élections accaparantes pour les esprits.
Le tout alors que le monde de l’édition vit un continuum de turbulences autour du rachat du groupe Hachette par Vivendi et d’Editis par CMI, mais qui s’étend au-delà. Parmi les épisodes les plus récents, citons, au Seuil, le remplacement du PDG, Hugues Jallon, par Coralie Piton ; chez Actes Sud, le départ du directeur éditorial historique, Bertrand Py ; chez Humensis (PUF, L’Observatoire, Passés composés…), la mise en pause des négociations de rachat…
Les champions
Dans ce climat, les maisons placent d’autant plus d’espoirs en leurs auteurs les plus connus. Certains sont « identitaires » de leurs maisons, tels Maylis de Kerangal pour Verticales (elle y fait paraître Jour de ressac, dont la narratrice revient dans Le Havre de sa jeunesse), Jérôme Ferrari pour Actes Sud (Nord sentinelle entame un cycle sur le tourisme), Amélie Nothomb pour Albin Michel (L’Impossible Retour ramène l’écrivaine au Japon), Yasmina Reza et Alice Zeniter pour Flammarion (respectivement, Récits de certains faits examine « l’arrière de la vie », et Frapper l’épopée se penche sur l’histoire de la Nouvelle-Calédonie), Philippe Jaenada pour Mialet-Barrault (La désinvolture est une bien belle chose enquête sur le suicide d’une jeune fille en 1953), Miguel Bonnefoy pour Rivages (Le Rêve du jaguar livre une saga familiale), Christine Montalbetti pour P.O.L (La Terrasse, où un homme imagine les vies de ceux qui l’entourent dans un café), Thomas Clerc pour Minuit (Paris, musée du XXIe siècle. Le 18e arrondissement)…

D’autres auteurs très repérés viennent de changer de casaque, à l’image de Kamel Daoud, passé d’Actes Sud à Gallimard pour Houris (sur la décennie noire algérienne – 1992-2002), Aurélien Bellanger, de Gallimard au Seuil pour Les Derniers Jours du Parti socialiste (roman à clé autour du Printemps républicain), ou Abdellah Taïa, dudit Seuil à Julliard pour Le Bastion des larmes.
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