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« Je voulais être critique rock »

by Marko Florentino
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Bruno Clément-Petremann, directeur de la prison de la Santé, à Paris, le 15 mai 2024.

Dans son bureau, au premier étage de la prison de la Santé, à Paris, un grand poster de Joe Strummer, le chanteur des Clash, cigarette aux lèvres, accueille le visiteur. Il y a aussi des photos de ses quatre filles, des pochoirs du street-artiste Jef Aérosol, un exemplaire de L’Etranger, d’Albert Camus, les plans d’origine de la prison offerts par Robert Badinter, l’écharpe des supporteurs du RC Lens et celle de l’Olympique de Marseille, ses deux clubs de cœur.

Directeur de l’établissement depuis sa réouverture après rénovation en juin 2019, Bruno Clément-Petremann tranche au sein d’une administration pénitentiaire que l’on imagine un peu terne ou sans fantaisie. A 62 ans, et alors qu’il entame sa sixième année à la tête de la mythique maison d’arrêt parisienne, il a accepté de revenir pour Le Monde sur sa passion du rock et une vie professionnelle consacrée à rendre la prison plus humaine.

A 62 ans, vous dirigez la prison de la Santé, dans le 14e arrondissement de Paris, après avoir fait toute votre carrière dans l’administration pénitentiaire. Etait-ce une vocation ?

Pas du tout. Ma passion, c’était la musique, le rock. Je l’ai découvert en 1977 chez un ami dont les parents étaient antiquaires. Il nous fait écouter l’album des Sex Pistols Never Mind the Bollocks. Pour les ados que nous sommes – j’ai 15 ans, je suis au lycée à Melun –, c’est un choc, une révélation ! Jamais on n’avait entendu un son pareil, aussi libérateur. Avec ce groupe de copains du lycée, on se dit qu’on veut faire ça, on s’achète des instruments et on va même monter un groupe, très éphémère puisqu’il ne durera qu’un an.

En fait, je suis né à la musique avec l’explosion du mouvement punk à Londres. Une époque foisonnante, d’explosion culturelle dans tous les domaines : la mode, le graphisme, le street art… A partir de là, notre vie, ça a été les concerts, les voyages à Londres, les virées chez le disquaire New Rose, rue Pierre-Sarrazin, à Paris, pour découvrir les nouveautés. A l’époque, je veux devenir journaliste, critique rock plus précisément.

Vos parents étaient-ils d’accord ?

Ils n’étaient pas très emballés. Je viens d’un milieu ouvrier. Mon père est originaire de la Nièvre, tôlier chaudronnier de formation, à l’usine depuis ses 14 ans, comme ses trois frères et son père. Ma mère, elle, vient de Tours, et était ouvrière dans une usine de fils électriques. Ils étaient montés à Paris pour travailler, c’est là que je suis né. Ils étaient de gauche, de cette gauche ouvrière du Parti communiste français passée au Parti socialiste avec le tournant de 1981. A la maison, il n’y avait pas d’engagement au sens militant mais on parlait beaucoup de politique. On regardait les émissions de débat. J’ai été le premier bachelier de ma famille, ça a été une grande source de fierté pour mes parents. Ils m’ont encouragé à faire des études supérieures, ils étaient très contents que je fasse du droit.

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