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Les espoirs de voir un accord de trêve conclu ces prochains jours entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza se sont à nouveau éloignés, jeudi 7 mars, alors que la guerre, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts, est entrée dans son sixième mois dans le territoire palestinien, assiégé et frappé par la famine. En raison du désastre humanitaire et du lourd bilan parmi la population civile, les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte espéraient arracher un accord pour une pause dans les combats avant le ramadan, mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commencera en début de semaine prochaine.
Mais la délégation du Hamas qui participait à ces discussions au Caire a quitté la capitale égyptienne pour des « consultations » avec la direction politique à Doha, au Qatar, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) un haut responsable du mouvement islamiste. « Les réponses initiales » fournies par Israël « ne répondent pas aux exigences minimales » formulées par le Hamas, a déclaré ce responsable. Les négociations « ne sont pas rompues » et les « divergences s’estompent », a toutefois souligné l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Jack Lew.
Les Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont multiplié les pressions ces derniers jours tandis que la Chine a appelé jeudi à un « cessez-le-feu immédiat », qualifiant la guerre à Gaza de « honte pour la civilisation ». Les bombardements israéliens, qui se poursuivent sans répit, ont causé la mort de quatre-vingt-trois personnes dans la bande de Gaza en vingt-quatre heures, selon le ministère de la santé du Hamas.
L’aide humanitaire, soumise à l’aval d’Israël, n’entre qu’au compte-gouttes dans l’enclave palestinienne, principalement à partir de l’Egypte, alors que les besoins sont immenses. La situation est particulièrement grave dans le Nord, où les pillages, les combats et les destructions rendent presque impossible l’acheminement de l’aide pour environ 300 000 habitants. Selon le ministère de la santé, au moins vingt civils, des enfants pour la plupart, sont déjà morts de malnutrition et de déshydratation. « Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux », a déclaré le porte-parole du ministère de la santé, Ashraf Al-Qudra.
Joe Biden doit annoncer qu’il ordonne à l’armée américaine d’établir une voie d’accès par la mer pour débarquer l’aide humanitaire à Gaza
Le président des Etats-Unis, Joe Biden, va annoncer jeudi au Congrès qu’il a ordonné à l’armée américaine d’établir un « port » à Gaza, afin d’acheminer par la mer plus d’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé par Israël, selon de hauts responsables à l’AFP. Il s’agirait en fait moins d’un port que d’une jetée temporaire, destinée à débarquer l’aide, a expliqué un haut responsable américain à des journalistes. Cette voie d’accès devra pouvoir accueillir de larges navires transportant « de la nourriture, de l’eau, des médicaments et des abris temporaires », a-t-il précisé, et fournira l’équivalent de la capacité « de centaines de camions d’aide supplémentaire chaque jour ».
Cette opération « prendra un certain nombre de semaines à être planifiée et exécutée », et devrait impliquer un corridor maritime apportant de l’aide par la mer de l’île de Chypre, ont précisé des hauts responsables américains. Ils ont expliqué que cela ne signifierait pas que des soldats américains se trouveront sur place à Gaza. « L’armée américaine a des capacités uniques. Et les militaires américains peuvent faire des choses à partir de la mer qui sont extraordinaires », a dit un autre responsable.
L’ONU appelle Israël à ouvrir un port pour acheminer de l’aide à Gaza
Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’Organisation des Nations unies (ONU) a affirmé faire pression afin qu’Israël permette d’utiliser le port d’Ashdod, situé à une trentaine de kilomètres au nord de la bande de Gaza, pour acheminer de l’aide aux Palestiniens. « Nous avons présenté plusieurs requêtes auprès des Israéliens », a déclaré le directeur exécutif adjoint du PAM, Carl Skau, dans un entretien avec l’AFPTV. « Nous voulons utiliser le port d’Ashdod, ce qui serait beaucoup plus efficace que de passer par la Jordanie, ou même l’Egypte », a-t-il expliqué. Par le passé, les forces israéliennes ont déjà bloqué de l’aide de l’ONU dans ce port.
« Nous voulons faire passer plus de marchandises à la frontière vers Gaza. Nous utilisons actuellement Kerem Shalom, mais nous aimerions avoir également un point de passage directement vers le nord, où la situation est la plus désespérée », a-t-il affirmé.
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Le dernier convoi de nourriture du PAM a été bloqué, mardi, par l’armée israélienne à l’intérieur de la bande de Gaza puis pillé par « une foule désespérée ». Il s’agissait du premier convoi destiné à Gaza depuis l’interruption décrétée le 20 février en raison de la situation sécuritaire et des pillages. « La faim conduit à une situation catastrophique. Les gens sont désespérés et les tensions élevées. Il y a aussi un effondrement complet de l’ordre civil », a déploré M. Skau.
Plus de 1 500 maisons et immeubles ont été « détruits ou très endommagés » à Khan Younès
Les chars israéliens ont quitté cette semaine le centre de Khan Younès, à quelques kilomètres au nord de Rafah, laissant derrière eux d’immenses destructions après des semaines de combats. Des images de l’AFP ont montré des habitants venus inspecter les ruines de leurs maisons, marchant dans un paysage dévasté entre des monceaux de décombres et des carcasses d’immeubles.
Plus de 1 500 maisons et immeubles ainsi que des centaines de boutiques ont été « détruits ou très endommagés », a déclaré la défense civile du Hamas, ajoutant que les soldats avaient aussi détruit « tous les réseaux d’eau, d’égouts, d’électricité, de communication et routiers ». Selon des témoins, les combats se poursuivaient, jeudi, dans le Nord, à Zeitoun, un secteur de la ville de Gaza, et dans le Sud, à Al-Shouka, un village proche de Rafah, ainsi que dans la partie ouest de Khan Younès.
Les Etats-Unis annoncent un nouveau largage aérien d’aide à Gaza
Les Etats-Unis et la Jordanie ont effectué un troisième largage aérien d’aide à Gaza en une semaine, a annoncé le Pentagone. Des avions « C-130 américains ont largué plus de 38 000 repas » dans le nord de Gaza, a annoncé, sur X, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, CentCom.
Lundi, Sabrina Singh, une porte-parole du Pentagone, avait déclaré qu’entre trente et cent vingt camions par jour avaient acheminé de l’aide à Gaza au cours de la semaine passée. « C’est nettement insuffisant pour nourrir la population », avait-elle affirmé, tout en précisant que les largages aériens étaient destinés à compléter et non à remplacer l’aide acheminée par voie terrestre.
« L’air et la mer ne peuvent pas se substituer à ce qui doit arriver par la terre », a renchéri, jeudi, Sigrid Kaag, coordinatrice de l’ONU chargée de l’aide à Gaza. « J’ai parlé de l’importance de la diversification des routes d’approvisionnement terrestres. Cela reste la solution optimale : plus facile, plus rapide, moins chère, notamment parce que nous savons que nous avons besoin d’une aide humanitaire continue pour les habitants de Gaza sur une longue période », a déclaré, après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité, l’ancienne ministre néerlandaise, nommée à ce poste en décembre 2023.
Évoquant les récents largages aériens effectués par les Etats-Unis et d’autres pays, elle a salué un « symbole de soutien aux civils de Gaza, une preuve de notre humanité partagée ». « Mais c’est une goutte d’eau dans l’océan ».
Selon l’ONU, la famine est « quasiment inévitable » pour 2,2 millions d’habitants de Gaza, soit l’immense majorité de la population, l’aide humanitaire n’arrivant qu’au compte-gouttes. L’organisation a exhorté le monde à « inonder » Gaza d’aide pour sauver les enfants « qui commencent à mourir de faim » dans un territoire où le système de santé s’est effondré.
L’Espagne annonce une aide de 20 millions d’euros pour l’UNRWA
Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé une aide supplémentaire de vingt millions d’euros pour l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) afin de faire face à la situation humanitaire dramatique dans la bande de Gaza. L’annonce a été faite par le ministre des affaires étrangères espagnol, José Manuel Albares, lors d’une conférence de presse conjointe avec le patron de cette agence onusienne, Philippe Lazzarini.
M. Lazzarini a espéré que la décision du gouvernement espagnol inciterait certains des pays ayant récemment suspendu leur aide à son agence à la reprendre. Il a annoncé que cette suspension concernait seize pays et représentait 450 millions de dollars (environ 410 millions d’euros).
Il a surtout appelé à une ouverture des points de passage terrestres vers la bande de Gaza afin que l’aide humanitaire puisse être acheminée par la route, les opérations de largage aérien ayant une efficacité limitée.
Israël accuse l’Afrique du Sud d’utiliser la CIJ avec « cynisme »
Le gouvernement israélien a accusé l’Afrique du Sud de faire une « exploitation cynique » de la Cour internationale de justice (CIJ), alors que Pretoria a demandé d’imposer à Israël de nouvelles mesures conservatoires face à la crise humanitaire majeure à Gaza. « L’Afrique du Sud continue d’agir comme le bras juridique du Hamas », a déclaré Lior Haiat, le porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien, dans un message publié sur X.
L’Afrique du Sud a demandé, mercredi, à la CIJ d’imposer de nouvelles mesures d’urgence à Israël face à ce qu’elle a décrit comme une « famine généralisée » résultant de l’offensive israélienne à Gaza. Pretoria a exhorté la juridiction à ordonner un « arrêt immédiat » des combats, la libération de tous les otages, la fin du blocus israélien de Gaza et la fourniture d’une aide d’urgence.