
Vingt ans de prison pour un don de 50 dollars ? C’est la menace qui plane sur la tête d’une Russo-Américaine incarcérée à Iekaterinbourg, dans l’Oural, et accusée de haute trahison. L’arrestation de Ksenia Karelina (Ksenia Khavana depuis son mariage et son installation aux Etats-Unis en 2021) a été rendue publique le 20 février par le FSB, les services de sécurité russes, mais la jeune femme de 33 ans est en détention depuis le 27 janvier.
Dans son communiqué, accompagné d’une courte vidéo montrant l’intéressée menottée, le FSB évoque « la récolte de fonds pour les forces armées ukrainiennes » mais aussi le fait qu’elle aurait « participé plusieurs fois, sur le sol des Etats-Unis, à des actions publiques en faveur du régime de Kiev ». Ces accusations seraient constitutives de haute trahison, un crime passible de douze à vingt ans de prison.
Deux sources distinctes – l’organisation de défense des droits de l’homme Perviy Otdel et le rédacteur en chef du média Republic, Dmitry Kolezev – livrent un récit plus détaillé et similaire de la chronologie des événements et des faits qui sont reprochés à Ksenia Karelina.
Climat répressif
Celle-ci, employée d’un salon de beauté à Los Angeles, aurait atterri à Ekaterinbourg le 17 janvier pour voir ses parents et sa grand-mère de 90 ans. A l’aéroport, les douaniers auraient fouillé son téléphone et découvert la trace d’un virement, effectué le 24 février 2022, premier jour de l’invasion de l’Ukraine, depuis son compte en banque américain.
Son destinataire, pour un montant de 51,80 dollars (48 euros) : le fonds Razom for Ukraine, qui aide en réalité les civils ukrainiens. Son seul programme ayant une coloration militaire est l’achat de kits médicaux pour les infirmiers opérant sur le front.
Ksenia Karelina a été convoquée au commissariat le lendemain, pour un motif administratif fallacieux, et immédiatement condamnée à une peine de quatorze jours, supposément pour avoir « prononcé des gros mots dans l’espace public ». Cette méthode est un classique utilisé par les forces de l’ordre, qui leur permet de préparer tranquillement un dossier plus important, avec leur victime sous la main.
C’est donc à l’issue de ces deux semaines que la jeune femme russo-américaine s’est vue accusée de haute trahison – une accusation elle aussi devenue parfaitement routinière ces dernières années. La sévérité des charges retenues est révélatrice d’un climat répressif qui ne cesse de se durcir en Russie. Des condamnations à de longues peines de prison, auparavant réservées aux personnalités les plus en vue de l’opposition, sont désormais prononcées contre des inconnus pour de simples posts sur les réseaux sociaux.
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