Koursk en Russie, El-Alamein en Afrique du Nord, les Ardennes… On croyait les grandes batailles de chars remisées aux magasins des accessoires de l’histoire. Et voilà qu’avec la guerre russo-ukrainienne, les tanks retrouvent leur place, même si leur déploiement n’a pas l’ampleur de ceux de la seconde guerre mondiale et que d’autres équipements (artillerie, missiles, drones…) y jouent un rôle crucial. Dans ce contexte militaire nouveau depuis 2022 se développe une concurrence entre les industriels allemands, américains et sud-coréens pour équiper les armées du Vieux Continent, au moment où l’industrie russe monte en puissance.
L’Italie vient de créer la surprise. Sa société d’aéronautique et de défense Leonardo a annoncé, le 3 juillet, un partenariat avec le groupe allemand Rheinmetall pour livrer un « nouveau char de combat » Panther KF51 à l’armée de terre italienne. L’accord prévoit la création d’une coentreprise à 50-50 implantée dans la Péninsule, qui produira également le nouveau blindé Lynx « italianisé », lui aussi destiné à l’Esercito Italiano. Au-delà, « l’accord nous ouvrira de nouveaux marchés mondiaux sur lesquels nous n’aurions pas pu rivaliser en tant qu’entreprises autonomes », souligne le directeur général de Leonardo, Roberto Cingolani, dans un entretien au Financial Times, le 7 juillet.
Ce partenariat signe la fin de l’« alliance stratégique » que Leonardo projetait, fin 2023, avec le franco-allemand KNDS pour constituer « un véritable groupe européen » et « coopérer plus étroitement dans le domaine de l’électronique de défense terrestre ». A cette époque, Rome voulait acheter 133 chars Leopard 2A8, le blindé de dernière génération de Krauss-Maffei Wegmann, la branche allemande de KNDS ; et surtout s’intégrer au Système principal de combat terrestre (Main Ground Combat System, MGCS), Paris souhaitant inviter Rome pour rééquilibrer ses rapports avec Berlin dans ce programme franco-allemand.
Ambitieux programme
Cependant, l’alliance n’offrait pas de perspective stratégique claire à long terme pour Leonardo, dont la contribution technologique aurait été « minimale » et limitée à quelques composants sur les chars déjà existants de KNDS, a expliqué M. Cingolani pour justifier son retrait. A l’inverse, la production (électronique, tourelles…), les tests d’homologation et la logistique de la coentreprise italo-germanique seront effectués à 60 % dans la Péninsule, une illustration de la volonté de Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, de renforcer son pays en Europe, tout en modernisant ses forces armées.
Il vous reste 55.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.