
L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a demandé, vendredi 27 juin, le démantèlement de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), affirmant que celle-ci organise « un simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne et doit être immédiatement arrêté ». MSF fait valoir que la GHF force les Palestiniens « à choisir entre mourir de faim et risquer leur vie pour obtenir une quantité dérisoire de nourriture ».
Ce dispositif de distribution alimentaire à Gaza, soutenu par les Etats-Unis et Israël, « semble conçu pour humilier les Palestiniens », dénonce MSF, faisant état de « plus de 500 personnes tuées et près de 4 000 blessées alors qu’elles se rendaient à ces distributions en quête de nourriture ».
La défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi que l’armée israélienne avait tué 80 personnes, dont dix qui attendaient de l’aide humanitaire. Interrogée par l’Agence France-Presse (AFP), l’armée israélienne a dit qu’elle examinait ces informations. Donald Trump a, pour sa part, assuré vendredi qu’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas à Gaza était « proche » et pourrait intervenir dès « la semaine prochaine ».
Nétanyahou dénonce un article mettant en cause l’armée dans des massacres de civils
Selon un article du quotidien israélien de gauche Haaretz, des soldats israéliens auraient reçu pour ordre de tirer sur des civils désarmés attendant de recevoir de l’aide humanitaire à Gaza. « L’Etat d’Israël rejette catégoriquement les accusations odieuses de meurtre rituel publiées dans le journal Haaretz », a écrit vendredi le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans un communiqué commun publié avec son ministre de la défense, Israel Katz.
L’accusation de meurtre rituel est une calomnie antisémite remontant au moins au Moyen-Age selon laquelle les juifs assassineraient des enfants non juifs pour les besoins de leur culte. « Ce sont des mensonges malveillants conçus pour salir les forces de défenses d’Israël, l’armée la plus morale au monde », ajoute le texte.
L’article d’Haaretz est titré comme suit : « “C’est un champ de massacre” : des soldats de Tsahal ont reçu l’ordre de tirer délibérément sur des Gazaouis désarmés attendant de l’aide humanitaire ». Le quotidien y cite plusieurs soldats, sous le couvert de l’anonymat, affirmant avoir reçu de leurs commandants des ordres de tirer sur des foules agglutinées près de centres de distribution d’aide dans la bande de Gaza pour les disperser, même lorsqu’elles ne représentaient aucune menace. Il n’y est pas question de meurtres « rituels ».


Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain de guerre, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans fournis par les organisations opérant sur place. La GHF, fondation controversée soutenue par les Etats-Unis et Israël, qui a recours à des contractuels armés pour assurer la sécurité de ses centres, nie tout incident à l’intérieur de ceux-ci.
Les équipes médicales de MSF reçoivent chaque jour des personnes qui ont été tuées ou blessées alors qu’elles tentaient de se procurer de la nourriture dans l’un des sites, et ont constaté, au fil des distributions, une forte augmentation des blessés par balle. Ce chaos empêche les femmes, les enfants, les personnes âgées ou handicapées d’accéder à l’aide humanitaire, s’alarme l’ONG.
Israël a imposé début mars au territoire palestinien un blocus humanitaire qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Le blocus n’a été que partiellement assoupli fin mai, date à laquelle la fondation GHF a commencé ses distributions.
« Les gens sont tués simplement en essayant de nourrir leurs familles et eux-mêmes. Aller chercher de la nourriture ne doit jamais être une condamnation à mort », a déclaré vendredi devant la presse à New York le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, sans citer le nom de la Gaza Humanitarian Foundation. « Toute opération qui canalise des civils désespérés dans des zones militarisées est intrinsèquement dangereuse. Ça tue des gens », a-t-il dénoncé. « Le conflit entre Israël et l’Iran a dominé l’actualité mais nous ne devons pas permettre que la souffrance des Palestiniens à Gaza soit reléguée dans l’ombre, a également plaidé M. Guterres. Il est temps de trouver le courage politique pour un cessez-le-feu à Gaza. »
La GHF a « fourni directement plus de 46 millions de repas aux civils palestiniens, pas au [mouvement islamiste palestinien] Hamas » depuis le début de ses distributions fin mai, a réagi le ministère des affaires étrangères israélien, « pourtant, l’ONU fait tout ce qu’elle peut pour s’opposer à cet effort [et] ce faisant [elle] s’aligne sur le Hamas ».
« Les gens se font tirer dessus »
« Les quatre sites de distribution, tous situés dans des zones entièrement contrôlées par les forces israéliennes après que les habitants en ont été déplacés de force, ont la taille d’un terrain de football et sont entourés de postes d’observation, de talus de terre et de barbelés. Leur entrée clôturée ne permet qu’un seul point d’accès », explique Aitor Zabalgogeaskoa, coordinateur des urgences de MSF à Gaza.


« Si les gens arrivent trop tôt et s’approchent des points de contrôle, ils se font tirer dessus. S’ils arrivent à l’heure, mais qu’il y a trop de monde et qu’ils sautent par-dessus les talus et les barbelés, ils se font tirer dessus » et « s’ils arrivent en retard, ils ne devraient pas être là car c’est une “zone évacuée”, ils se font tirer dessus », dénonce-t-il.
L’ONU et des ONG humanitaires ont sévèrement critiqué la GHF et refusent de travailler avec elle, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité. MSF demande la levée du blocus sur les denrées alimentaires, le carburant, les fournitures médicales et humanitaires et à revenir au précédent dispositif d’aide coordonné par les Nations unies.