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La Grèce prête à passer le cap du mariage pour tous

by Marko Florentino
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Rebecca Camhi et sa compagne, Marina Comninou, avec leur chien, Tokyo, chez elles, à côté de la galerie Rebecca Camhi, dans le quartier de Metaxourgeio, à Athènes, le 18 janvier 2024.

« Bientôt, nous serons officiellement une vraie famille », se réjouit Rebecca Camhi, en couple avec Marina Comninou depuis huit ans et déjà pacsée. Ce jour ne saurait tarder. Le Parlement grec doit se prononcer, jeudi 15 février, sur la légalisation du mariage pour tous et sur l’adoption pour les couples de même sexe. Si une dizaine de députés de la majorité conservatrice envisagent de s’abstenir ou de voter contre, le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis, peut compter sur une partie de la gauche pour faire adopter ce projet de loi.

Qualifiée de « grande avancée » par Rebecca et Marina, la législation ferait de la Grèce, où l’Eglise et l’Etat ne sont pas séparés, le premier pays à majorité orthodoxe à franchir ce cap.

Célèbre galeriste à Athènes, Rebecca a une fille de 20 ans, Anatolie, qui étudie en Italie. « J’avais un grand désir d’enfant et j’ai décidé d’en avoir avec un homme, mais nous n’étions pas un couple. Ma fille a toujours su que j’avais des relations avec des femmes », explique-t-elle dans sa maisonnette décorée comme une œuvre d’art. A l’école, Anatolie a caché pendant un temps la vérité sur ses parents, de peur des réactions négatives. « Je lui ai expliqué que notre famille n’était pas ordinaire. Mais, au fur et à mesure, elle a compris que la différence n’était pas un problème », observe sa mère.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Grèce, la légalisation du mariage pour tous continue de diviser

Cette quinquagénaire sait de quoi elle parle. Issue d’une famille juive séfarade – sa tante a survécu enfant, cachée sur l’île de Skopelos –, Rebecca ne s’est jamais sentie dans « la norme » dans une société grecque orthodoxe à plus de 90 %. « Je fais déjà partie d’une minorité, dit-elle. Cette loi va changer le regard de la société grecque sur nos familles et, surtout pour les nouvelles générations, elle permet de rappeler que le respect des différences et l’égalité des droits entre tous les citoyens sont essentiels dans notre démocratie. »

Les Grecs partagés

En 2015, la Grèce avait légalisé le pacte civil pour les couples homosexuels, mais, dans le cas des familles avec enfants, seul le parent biologique a des droits sur eux et peut prendre des décisions en cas de problème de santé. Les enfants ne peuvent pas hériter du parent non biologique et, en cas de décès du parent reconnu, l’Etat retire automatiquement la garde à l’autre. « La pire situation reste celle des enfants nés de mères porteuses à l’étranger, ils ne peuvent même pas être inscrits à l’état civil et avoir accès à la Sécurité sociale. Cela ne pouvait pas durer et l’Union européenne a poussé le gouvernement grec à prendre des mesures pour y remédier », commente Vassilis Sotiropoulos, avocat représentant des familles LGBT.

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