Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a suspendu, mercredi 29 janvier, l’expulsion vers l’Algérie de l’influenceur Boualem Naman, dit « Doualemn », au motif que la procédure d’urgence utilisée par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, n’était pas justifiée.
Le tribunal a estimé que les faits reprochés à l’homme de 59 ans représentaient une « menace grave à l’ordre public justifiant une expulsion » et a refusé de suspendre le retrait de son titre de séjour prononcé par le ministre de l’intérieur. Mais, selon lui, le ministre n’aurait pas dû utiliser la procédure d’éloignement en « urgence absolue », qui « prive l’étranger de garanties essentielles ».
Dans une vidéo sur TikTok, ce ressortissant algérien avait tenu des propos, au sujet d’un opposant au régime algérien, qui avaient fait l’objet de traductions fluctuantes, initialement présentées par les autorités comme un appel au meurtre. Celle retenue par la justice dans sa convocation au procès relevait une incitation à « attraper » un homme et à lui infliger une « correction sévère », selon le document consulté par l’Agence France-Presse. « S’il souhaite expulser M. Naman, le ministre de l’intérieur devra le faire dans le cadre d’une procédure d’expulsion ordinaire », conclut le communiqué du juge des référés.
Une demande de mise en liberté bientôt déposée
Bruno Retailleau a un mois pour réexaminer la procédure. « Cette décision est un camouflet pour le ministre de l’intérieur, qui a entendu s’affranchir des contraintes minimales de procédure, au service de ses offensives brutales contre les étrangers et de son agenda politique », ont déclaré dans un communiqué les avocates de « Doualemn », Julie Gonidec et Marie David-Bellouard. « Une demande de mise en liberté sera déposée dans les plus brefs délais », ont-elles ajouté.
A son arrivée en Algérie après son expulsion le 9 janvier, cet agent d’entretien avait été renvoyé en France par les autorités algériennes le soir même, ce qui avait provoqué une crise diplomatique. Depuis son retour, « Doualemn » est retenu au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), le plus proche de l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle.
L’influenceur avait été interpellé à Montpellier au début de janvier, après une vidéo publiée sur TikTok dans laquelle il appelait à la violence. La vidéo avait fait l’objet d’un signalement du maire de Montpellier, Michaël Delafosse, et du préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch. Auprès de l’Agence France-Presse, le procureur de Montpellier avait expliqué que cette vidéo en arabe appelait à « tuer » et « à faire souffrir » un homme présenté par ailleurs comme un opposant au gouvernement d’Alger.