Convoqués dans les urnes dimanche 20 octobre, 2 millions de Moldaves vont choisir entre une présidente sortante dont le projet politique est d’arrimer le pays à l’Union européenne (UE) et dix candidats, pour la plupart tournés à des degrés divers vers l’ancien suzerain russe. Afin d’attirer les électeurs vers les bureaux de vote, en particulier les 200 000 voix de la diaspora, Maia Sandu, 52 ans, largement favorite, a couplé au scrutin présidentiel un référendum posant la question de l’adhésion ou non du pays à l’UE.
« Je vais voter pour le oui [au référendum], mais je n’ai pas encore décidé pour quel candidat je voterai à la présidentielle », explique Liolia Rusu, 59 ans, puéricultrice à Anenii Noi, une petite ville essentiellement viticole au sud-est de la capitale, Chisinau. Elle se rend avec une collègue à un meeting du principal candidat d’opposition, Alexandr Stoianoglo, organisé en mardi 15 octobre en fin d’après-midi. « On ne connaît pas trop ce candidat, on essaie de tous les écouter. Voter c’est important, je ne rate aucun scrutin. C’est notre futur qui se décide », poursuit Natalia Nemerenco, 55 ans. Toutes les deux rêvent de « vivre comme en Europe, où l’on vit mieux qu’ici » !
Une jeunesse absente
Les deux femmes forment l’un des groupes convergeant vers la Maison de la culture. Avant d’accéder au bâtiment, la foule longe une statue massive de Lénine, désormais rare en Moldavie, le regard vague et les bras ballants. A l’intérieur, tous les sièges sont occupés, des centaines de têtes blanches, tandis que la jeunesse brille par son absence. Un journal de campagne est distribué au public, entièrement en russe, alors que la langue officielle du pays est le roumain.
Alexandr Stoianoglo, 57 ans, candidat du Parti des socialistes de la République de Moldavie, s’empare du micro après s’être fait un peu attendre. Quelques applaudissements l’encouragent. Crédité de 9 % des intentions de vote, l’homme est sanglé dans un costume élégant, tranchant avec le public, vêtu très modestement. Son visage présente un aspect sévère, un nez fort long, un peu aplati au milieu comme celui d’un boxeur, se terminant sur une large bouche légèrement tordue qui lui donne une moue ironique. Il commence par se présenter en roumain mais, au bout de quelques minutes, cet ancien procureur explique en russe qu’il va s’exprimer dans les deux langues. Puis il cesse complètement de parler en roumain, qui n’est pas sa langue maternelle.
« C’est le business qui doit tirer l’économie du pays et soutenir l’aide sociale. Quand j’ai été nommé procureur, on arrêtait 1 000 hommes d’affaires par an. Pas parce qu’ils commettaient des crimes, mais pour leur extorquer de l’argent », affirme le candidat, qui enchaîne rapidement sur le thème brûlant de la sécurité, marquant sa différence avec la présidente sortante. « Nous allons développer le statut de la neutralité [inscrite dans la Constitution moldave de 1994]. Ainsi, nous ne serons jamais entraînés dans une guerre. Pas de bases, pas d’exercices militaires chez nous ! » Murmures d’approbation dans la salle.
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