Benyamin Nétanyahou marque une pause dans son discours à l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, ce 27 septembre. Dans un peu plus d’une heure, un escadron israélien lâchera plusieurs dizaines de bombes sur un complexe de six immeubles de Beyrouth, dont de puissantes charges antibunkers. En tuant le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ces pilotes tournent une page de l’histoire du Proche-Orient et ouvrent une nouvelle guerre israélienne au Liban.
Mais, pour l’heure, M. Nétanyahou tient à évoquer sa première allocution sous la coupole de l’ONU, en 1984, lorsqu’il n’était qu’ambassadeur. « Je crois que c’était le même pupitre », avance-t-il, en caressant le bois clair. Le premier ministre a pris le risque de quitter son pays, alors que son armée démantèle méthodiquement la direction et les capacités de riposte du Hezbollah depuis dix jours, une frappe après l’autre.
Un an après le cataclysme du 7-Octobre, il souhaite adresser un rappel à ses concitoyens, de sa tribune favorite et dans son anglais parfait : contre toute attente, il demeure en poste et son expérience reste inégalée, après dix-sept années cumulées de mandat. « Nous gagnons, nous gagnons ! », lance-t-il. Ce slogan est devenu son leitmotiv, alors que les forces israéliennes franchissent la frontière libanaise, que l’aviation pilonne l’« axe de la résistance », à Gaza comme au Yémen et en Syrie, et que l’Iran attend une riposte israélienne d’ampleur à la salve de 180 missiles balistiques qu’il a lâchés vers l’Etat hébreu le 1er octobre.
« Un déni presque paranoïaque »
M. Nétanyahou devine dans cette escalade « un tournant historique ». Dès le 29 septembre, il a avancé un nouvel objectif, aussi vague que présomptueux : « Changer l’équilibre des pouvoirs de la région pour des années. » Le lendemain, il a assuré au peuple iranien que les heures de la République islamique étaient comptées. Comment s’en étonner ? Benyamin Nétanyahou fut, dès les années 1980, un compagnon de route des néoconservateurs américains. Voilà quatre décennies qu’il promet de remodeler l’ordre régional. Nul ne sait s’il croit son rêve à portée de main, mais la nouvelle année juive s’ouvre et il estime le temps venu de tirer le rideau sur la débâcle du 7-Octobre.
C’était il y a un an. Les défenses d’Israël s’écroulent sous l’assaut du Hamas. Le gouvernement dirigé par M. Nétanyahou est débordé par les miliciens armés de kalachnikovs et de RPG – quelque 3 000, selon les sources israéliennes, alors que le Hamas n’a jamais donné de chiffres. Ses quarante ans de carrière politique vont-ils être éclipsés par cette journée noire, le pire massacre de l’histoire d’Israël ? Ebranlé, M. Nétanyahou s’isole et semble plus indécis qu’à l’accoutumée. « Il ne paraît plus lui-même », résume le journaliste de droite Hamit Segal. Au sein de son parti, le Likoud, une rage sourde s’exprime contre lui.
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