
Après Eowyn et Herminia, la dépression Ivo va amener, mercredi 29 janvier, son lot de fortes pluies et augmenter le niveau des inondations dans les départements d’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et du Morbihan, maintenus en vigilance rouge pour crues.
Dans son bulletin de 6 heures, mercredi, Météo-France n’envisageait pas d’aggravation du niveau de vigilance, tout en précisant que les départements du Finistère – pour le vent et la pluie – et du Morbihan – pour la pluie – étaient susceptibles de passer au niveau de vigilance supérieur « en fonction de l’évolution de la position de la dépression en fin de journée mercredi », et conseillait de se tenir informé.
Si la décrue est amorcée sur la Vilaine médiane et la Seiche, les niveaux dans le secteur de la Vilaine aval « s’approchent de leur maximum », qui sera atteint en journée, dépassant notamment la crue de 1995 à Redon.
En Ille-et-Vilaine, « des inondations très importantes sont possibles, y compris dans les zones rarement inondées », soulignait le service public d’information Vigicrues dans son bulletin publié en milieu de matinée, signalant également des coefficients de marée importants en Bretagne, qui contrarieront « l’évacuation des crues formées ». Par ailleurs, la Sarthe a rejoint mercredi les départements du Calvados, de Maine-et-Loire, de Mayenne et de l’Orne dans la vigilance orange pour crues.
« C’est une situation tout à fait exceptionnelle qui, manifestement, dépasse l’histoire connue en tous les cas en matière d’inondations sur le territoire », a déclaré à la presse François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’intérieur, en visite mardi à Rennes. « Face à cette situation exceptionnelle, j’ai décidé d’enclencher la procédure accélérée de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle », a-t-il ajouté, plus tard, sur X.
Des maisons cernées par l’eau
Selon la préfecture d’Ille-et-Vilaine, depuis dimanche, « plus de 1 000 personnes ont été évacuées (établissements sanitaires et médico-sociaux compris) ». « Sur l’ensemble du département, aucune victime n’est à déplorer », ajoute-t-elle. A Guipry-Messac, à 50 kilomètres au sud de Rennes, des dizaines de maisons étaient cernées par l’eau et plusieurs rues du centre-ville n’étaient accessibles qu’avec des bottes hautes ou des embarcations, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
Entourée de rivières, de marais et d’un canal, la commune de Redon, en Ille-et-Vilaine, limitrophe du Morbihan et de la Loire-Atlantique, sera particulièrement surveillée mercredi. « Nous devrions atteindre (…) le pic de crue [mercredi] dans la journée », a dit mardi à la presse l’édile de la ville, Pascal Duchêne, avertissant que la décrue serait lente. « La ville va être contrainte, empêchée dans ses activités pendant quelques jours », a expliqué l’élu. Plusieurs établissements scolaires y sont fermés jusqu’à vendredi, a fait savoir le rectorat.
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A Rennes, plusieurs mesures ont aussi été prises par la mairie pour aider les habitants à se préparer à une nouvelle hausse du niveau de la Vilaine. Des agents distribuent des parpaings pour surélever les meubles et les places de stationnement sont désormais gratuites pour ceux qui veulent mettre leur véhicule à l’abri.
La crue historique de 1936 pourrait être atteinte
L’Ille-et-Vilaine, notamment sa préfecture, Rennes, traversée par deux cours d’eau, l’Ille et la Vilaine, subit des crues jamais vues dans les derniers quarante ans depuis le passage, dimanche, de la dépression Herminia, qui a succédé à la tempête Eowyn. Selon la maire de Rennes, Nathalie Appéré, « une centaine de maisons sont sinistrées » ainsi que, partiellement, quelques dizaines d’immeubles collectifs, avec des caves ou des sous-sols inondés, soit « 15 000 personnes impactées ». « De nouvelles inondations sont à craindre » avec un impact « plus conséquent que celui observé ce week-end », a mis en garde Rennes Métropole mardi.
D’après Météo-France, à Rennes, « le cumul mensuel de pluie du mois de janvier dépasse aujourd’hui les 178 millimètres. Il n’avait jamais autant plu en janvier sur cette station ouverte en 1944 (169,6 millimètres en janvier 1995) ». Par ailleurs, les inondations compliquent le trafic ferroviaire. Au sud de Rennes, « la gare de Messac-Guipry n’est plus accessible aux clients jusqu’au vendredi 31 janvier inclus », selon le site des TER BreizhGo.
Interrogé par l’AFP, le président du département d’Ille-et-Vilaine, Jean-Luc Chenut, a précisé que « 32 communes avaient déclenché leurs plans communaux de secours, chiffre qui va en augmentant très régulièrement ». « Il y a des milliers et des milliers d’hectares de prairies inondés. Tous les ruisseaux débordent, tous les plans d’eau sont au maximum », a-t-il dit, qualifiant la situation de « crise de grande ampleur par l’étendue du territoire concerné ».
Plusieurs mesures ont par ailleurs été prises par la mairie pour aider les Rennais à se préparer à une nouvelle hausse de la Vilaine : distribution de parpaings, éclairage public maintenu la nuit pour faciliter d’éventuelles évacuations. Plus de 100 routes ont été coupées ou déviées, selon la préfecture d’Ille-et-Vilaine.
Quelque 800 appels liés aux inondations sont recensés quotidiennement par les sapeurs-pompiers depuis samedi en Ille-et-Vilaine et une quarantaine d’entre eux aboutissent à des interventions, a estimé auprès de l’AFP le capitaine Romain Bertin-Butler.