Biogaran s’apprête-t-il à quitter le giron de sa maison mère ? Si la pancarte « A vendre » n’est pas officiellement accrochée sur la façade du laboratoire, la potentielle cession du champion français des médicaments génériques, filiale du groupe pharmaceutique Servier, agite en coulisses les candidats à un rachat. Depuis plusieurs semaines, les prétendants s’activent sur leurs calculatrices pour affûter leurs futures offres.
« Aucune décision concernant Biogaran n’est prise à ce jour », insiste-t-on au siège du groupe Servier, qui concède qu’une revue stratégique de ses actifs est en cours, « comme chaque année », précise-t-il. Le projet de vente de la filiale, dévoilé par Les Echos et L’Informé en avril, serait pourtant sur le point d’entrer dans une nouvelle phase. Selon nos informations, les soupirants seraient invités à déposer leurs offres à la mi-juin auprès de Lazard, la banque mandatée par le laboratoire pour travailler à cette cession, et qui avait déjà officié pour le compte de Servier aux rachats des branches oncologie de l’américain Agios et du britannique Shire en 2020 et en 2018.
Lancé en 1996 sur un marché des génériques encore balbutiant, Biogaran est parvenu à se tailler une place de choix sur le territoire hexagonal, où il représente 32 % des ventes du secteur. Avec plus d’une boîte de médicaments sur huit délivrée en pharmacie en France par le laboratoire et près de 1 000 références au sein de son catalogue, la société, qui réalisait 750 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023, est aujourd’hui le premier génériqueur du pays, au coude-à-coude avec Viatris, et loin devant ses autres concurrents implantés sur le sol national. Un curriculum vitae certes flatteur, mais qui ne cadre plus avec les ambitions de Servier, qui souhaite concentrer ses efforts sur la recherche et le développement de médicaments innovants, notamment en oncologie, où le groupe pharmaceutique (5,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023) enregistre une forte croissance ces dernières années.
A cet égard, Servier s’inscrit dans une tendance de fond du secteur, visant, chez les Big Pharma, à resserrer leurs fonds de commerce sur les médicaments sous brevet, où la rentabilité est bien plus forte que dans le secteur des génériques.
Le suisse Novartis s’est ainsi délesté, en 2023, de sa filiale de génériques Sandoz, désormais indépendante. Le britannique GSK vient de solder les derniers vestiges de sa participation dans Haleon, son ancienne branche regroupant les produits de santé grand public (Advil, Voltaren, ProRhinel…), dont il s’était séparé en 2022. Et Sanofi a annoncé, fin octobre 2023, œuvrer au départ de son pôle de santé grand public, Opella, qui commercialise, entre autres, le Doliprane.
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