Le discours du vice-président américain J. D. Vance, à la Conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février, n’a pas seulement marqué un tournant dans les relations transatlantiques en matière de défense. Il a aussi mis à bas une confiance économique étroite entre l’Allemagne et les Etats-Unis formée au lendemain de la seconde guerre mondiale, et il a confirmé les pires inquiétudes des milieux d’affaires : l’administration Trump ne fera aucun cadeau aux exportateurs européens. Or, l’Allemagne est bien plus dépendante de l’économie américaine qu’en 2017, au début du premier mandat du président républicain. Cette rupture historique pourrait grever un peu plus une conjoncture déjà en berne outre-Rhin, si les menaces de droits de douane annoncés étaient réellement mises en œuvre.
Depuis 2017, les industriels allemands, prenant progressivement conscience des dangers liés à leur dépendance aux exportations vers la Chine, ont misé sur le dynamique marché américain pour diversifier leurs débouchés et leurs sources d’approvisionnement.
Au premier semestre 2024, les Etats-Unis ont ainsi détrôné la Chine comme premier partenaire commercial de l’Allemagne (importations et exportations), mettant fin à huit ans de domination ininterrompue de Pékin sur les échanges commerciaux de Berlin. Et selon les chiffres détaillés de l’institut national des statistiques, les Etats-Unis ont absorbé 10 % des exportations allemandes en 2023, à 157,9 milliards de dollars (151 milliards d’euros) de biens, la valeur la plus haute depuis vingt ans. Le commerce extérieur allemand a enregistré cette même année un excédent commercial de 63,3 milliards d’euros vis-à-vis des Etats-Unis. Un record.
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