« C’est sans aucun doute la chose la plus difficile que j’ai jamais faite. » L’alpiniste et trailer espagnol Kilian Jornet a achevé, dimanche 1er septembre, son projet « Alpine Connection » consistant à gravir les 82 sommets de plus de 4 000 mètres des Alpes sans utiliser de moyens de déplacement autre que la marche et le vélo, ce qu’il a accompli en dix-neuf jours.
Le Catalan a pulvérisé du même coup le record de durée pour atteindre tous les « 4 000 » des Alpes, détenus depuis 2008 par les guides italiens Diego Giovannini et Franco Nicolini, à qui il a fallu… soixante-deux jours.
Entamée le 14 août en Suisse avec l’ascension du Piz Bernina, le « 4 000 » le plus oriental de l’arc alpin, sa quête s’est terminée avec celle du dôme et de la barre des Ecrins, en France. Ce périple gargantuesque de 1 207 kilomètres pour plus de 75 000 mètres de dénivelé positif accompli avec différents compagnons, mais aussi en solo, lui a demandé plus de 268 heures d’efforts, ce qui lui a laissé une moyenne de 5 h 17 de repos par jour.
« Il est difficile d’analyser toutes mes émotions maintenant, mais c’est un voyage que je n’oublierai jamais », écrit-il sur Instagram.
« Une grande page de l’histoire de l’alpinisme »
Parmi ceux qui l’ont accompagné figurent plusieurs alpinistes de renom, comme le Français Benjamin Védrines, qui a réalisé fin juin l’ascension du K2, deuxième sommet himalayen, en moins de 11 heures, avec lequel il a achevé le projet dimanche. « J’étais ému et honoré d’être avec lui sur ce dernier sommet. Cela représente une grande page de l’histoire de l’alpinisme. Kilian a fait quelque chose d’inspirant avec ce projet », a déclaré ce dernier à l’Agence France-Presse.
« Maintenant, c’est le moment de se reposer et aussi d’assimiler tout ce qui s’est passé. On a vécu des moments très forts émotionnellement », s’est quant à lui félicité Kilian Jornet.
La figure tutélaire du trail qui avait remporté pour la 10e fois Sierre-Zinal, doyenne des courses en montagne, le 10 août, a bouclé son projet alors qu’à Chamonix, s’achevait l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), qu’il a gagné à quatre reprises. Fervent militant écologiste, il avait implicitement appelé l’an dernier au boycott de l’épreuve phare du calendrier mondial, notamment en raison du partenariat conclu avec le constructeur automobile Dacia.
« Les endroits où l’on pratique nos activités changent drastiquement du fait du changement climatique et de la pollution (…). Le rôle des athlètes de l’élite, des fédérations et des organisateurs de gros événements va au-delà de nos propres activités et les conséquences futures sont aussi de notre responsabilité », écrivait-il alors.
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« Sport »
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Après avoir remporté la plupart des épreuves emblématiques du trail entre 2008 et 2012, Kilian Jornet s’était lancé dans le projet « Summits of my Life », qui l’a notamment amené à battre les records de vitesse de l’ascension du mont Blanc et du Cervin, l’année suivante. Sans cesser de pratiquer la course en montagne proprement dite, il multiplie depuis les ascensions et les traversées rapides dans des voies parfois très techniques, telles que l’arête de Peuterey, sur le versant italien du mont Blanc, ou la face nord des Grandes Jorasses. En octobre, huit jours lui avaient suffi pour traverser ses Pyrénées natales en passant par les 177 sommets de plus de 3 000 mètres.
