« Le président Hollande, dans le cours d’une conversation, m’a décommandé (sic) une ou deux personnes dont la rumeur publique indiquait qu’elles pouvaient être candidates à une chaîne. Voilà, c’est tout. » Pour la première fois hors d’une procédure pénale, l’ancien président du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel public, qui a précédé l’Arcom) Olivier Schrameck, a reconnu avoir reçu une suggestion de la part de celui qui était alors président de la République, et qui l’avait nommé à ce poste en janvier 2013.
Auditionné dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de la TNT, Olivier Schrameck témoignait sous serment, jeudi 7 mars, comme l’ensemble des personnes interrogées par les députés. L’affaire avait déjà fait l’objet d’articles de presse, mais c’est la première fois que le public l’entend de la bouche du principal intéressé.
« Ce n’était pas une intervention en tant que telle », a-t-il minimisé, avant d’expliquer qu’« au cours d’une communication téléphonique qui avait un tout autre objet », le président de la République de l’époque lui avait « fait part de son appréciation, disons très réservée, sur deux noms ». M. Schrameck n’a pas précisé leurs identités lors de son audition.
A bulletin secret
En 2015, deux candidatures au moins de personnalités de l’audiovisuel n’avaient pas été retenues pour être auditionnées dans le cadre de la nomination du président de France Télévisions : la présidente de France Médias Monde, Marie-Christine Saragosse, qui figurait parmi les éventuelles favorites et le président de l’Agence France-Presse, Emmanuel Hoog.
L’ancien patron de Lagardère Active et Orange France, Didier Quillot, le directeur général France de Microsoft, Alexandre Michelin, ou encore Serge Cimino, délégué syndical à France Télévisions, avaient également publiquement fait savoir que leurs candidatures n’avaient pas été retenues. Delphine Ernotte, alors directrice exécutive d’Orange, avait été sélectionnée avant d’être élue présidente de France Télévisions.
Pour établir une liste restreinte de candidats à auditionner, les huit membres du collège du CSA avaient voté à bulletin secret sur les trente-trois postulants initiaux. Seuls ceux qui ont obtenu au moins cinq voix avaient été retenus, ce qui avait entraîné l’élimination de Mme Saragosse, M. Hoog, ou M. Quillot. Certains membres du collège avaient alors confié que cette méthode de vote avait été imposée par M. Schrameck au dernier moment, alors que dans le cas de la présidence de Radio France, en 2014, la liste restreinte avait été établie de façon consensuelle.
Il vous reste 49.1% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
