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L’apprentissage en master, pas si avantageux pour l’insertion professionnelle

by Marko Florentino
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En guise de cadeau de fin d’année, les entreprises françaises ont eu la confirmation, le 30 décembre 2023, que la prime à l’embauche de nouveaux apprentis serait reconduite en 2024. C’est en grande partie sur cette aide financière qu’elles perçoivent, qui s’élève aujourd’hui à 6 000 euros par contrat d’apprentissage signé, que repose l’augmentation vertigineuse de l’apprentissage en France depuis sa réforme en 2018. Fin octobre 2023, le pays comptait quelque 1 017 500 apprentis, selon les chiffres du ministère du travail, soit une progression de plus de 135 % par rapport à janvier 2019. Or celle-ci est avant tout portée par la hausse des contrats dans les formations d’enseignement supérieur (63 % du total en 2023, contre 41 % en 2019), et notamment au niveau master.

Si les recruteurs ont été soulagés par le maintien d’une prime qui devait, au départ, rester « exceptionnelle », c’est que plusieurs rapports récents, émanant notamment de la Cour des comptes, préconisent de rogner ces aides. Et plus précisément de les recentrer sur les étudiants de niveau bac + 2 et moins, pour lesquels la plus-value de l’apprentissage en matière d’insertion professionnelle est sans équivoque. A partir de la licence et du master, « l’effet est faible, voire nul, sur la rapidité d’accès au premier emploi » entre un étudiant de formation initiale et un étudiant en apprentissage, notait un des rapports de la Cour des comptes, en juin 2022. Le taux d’emploi trente mois après l’obtention du diplôme n’est, quant à lui, que de 5 points supérieur chez les anciens apprentis de master par rapport à leurs homologues étudiants « classiques » (96 % contre 91 %).

La qualité des emplois à moyen terme serait cependant plus intéressante chez les apprentis que chez les étudiants en formation initiale (plus de CDI que de CDD, une rémunération plus importante, etc.). Un constat que tempère Xavier Collet, auteur en décembre 2023 d’un article sur le sujet pour le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq). Intitulé « L’alternance en master, quel effet propre sur l’insertion ? », celui-ci compare le devenir d’étudiants inscrits dans une même spécialité, mais suivant les deux types de parcours. Une analyse précise du profil des étudiants montre que la variable qui joue sur la « qualité » des emplois des diplômés n’est pas tant le fait d’avoir fait, ou non, une alternance, que « leurs caractéristiques sociodémographiques (les hommes et étudiants issus des classes sociales supérieures ont des meilleures conditions d’emploi), les spécialités de master (avec des débouchés différents) ou le bassin d’emploi (plus favorable par exemple en région parisienne) », explique le chercheur, responsable de l’observatoire du suivi et de l’insertion professionnelle des étudiants de l’université de Rennes.

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