Deux jours après avoir ordonné à l’armée israélienne de « préparer » une offensive sur Rafah, la ville la plus au sud de la bande de Gaza, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a ordonné à cette dernière, vendredi 9 janvier, de préparer un plan d’évacuation de la population de la ville, en prévision d’une invasion terrestre.
« Il est impossible d’atteindre l’objectif de guerre consistant à éliminer le Hamas et à laisser quatre bataillons du Hamas à Rafah. En revanche, il est clair qu’une opération massive à Rafah nécessite l’évacuation de la population civile des zones de combat », est-il écrit dans le communiqué diffusé par son cabinet sur les réseaux sociaux. « C’est pourquoi le premier ministre a demandé à Tsahal (…) de présenter au gouvernement un double plan, à la fois pour l’évacuation de la population et pour le démantèlement des bataillons », poursuit-il.
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, plus de 1,3 million de déplacés palestiniens, soit cinq fois la population initiale de la ville, s’entassent à Rafah dans des conditions désespérées, selon l’ONU. M. Nétanyahou avait déclaré mercredi, lors d’un discours diffusé à la télévision israélienne, que la victoire sur le Hamas était « une affaire de mois ». « Nous avons donné l’ordre aux forces armées israéliennes de préparer une opération à Rafah ainsi que dans deux camps [de réfugiés], derniers bastions restants du Hamas », avait ajouté le chef du gouvernement israélien.
Toute offensive à Rafah aggravera la « tragédie », alerte l’ONU
L’armée israélienne a intensifié son offensive contre Rafah, dernier refuge des populations déplacées par le conflit en cours depuis le 7 octobre dernier, en multipliant les frappes aériennes. Toute offensive d’ampleur de l’armée israélienne dans la ville aggravera la « tragédie sans fin » qui s’y déroule, a prévenu vendredi l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA. La situation est « très inquiétante », avec « une intensification des opérations et des bombardements » qui « se rapprochent », a expliqué Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA, lors d’un point presse à Jérusalem.
Des bombardements aériens ont eu lieu jeudi près du siège de l’UNRWA à Rafah, nourrissant les tensions et la peur au sein de la population sur place. « Il y a un sentiment de panique » à Rafah car les Palestiniens massés sur place « ne savent pas du tout où ils pourraient aller » en cas d’offensive sur la ville, déjà régulièrement bombardée depuis quelques jours, note M. Lazzarini.
« Je ne sais pas pendant encore combien de temps nous serons capables de travailler dans un tel environnement à haut risque », a-t-il par ailleurs déclaré, alors que l’UNRWA est dans la tourmente depuis qu’Israël a affirmé il y a quelques semaines que certains de ses membres avaient participé à l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre.
Washington a déclaré jeudi qu’il ne soutiendrait pas une opération terrestre à Rafah faisant fi du sort des milliers de civils qui y survivent. Le président américain, Joe Biden, s’est alarmé d’une riposte israélienne désormais « hors de proportion ».